Le Seigneur répond à une question de l'aubergiste de Capharnaüm chez qui il réside avec les apôtres et des disciples: (Grand Évangile de Jean_6, chap.53,v.5)
(Le Seigneur:) «.. Il Me faudrait te parler fort longtemps pour t'expliquer le véritable but de l'existence de chacune des innombrables espèces de la Création. Je peux seulement te dire, en règle générale, que toutes les choses créées visibles et perceptibles à l'homme sont du spirituel jugé et ont pour vocation, à travers une longue succession de formes diverses, d'accéder finalement à une vie libre et autonome.
Quant à ces formes, qui commencent avec la pierre, elles traversent tout le règne minéral avant de passer au règne végétal, traversent ensuite tout le règne végétal pour entrer dans le règne animal, et enfin, ayant traversé celui-ci, parviennent à l'homme et deviennent des réceptacles de la vie divine.
À toute forme correspond une certaine intelligence. Plus cette forme est simple, plus simple et plus réduite est l'intelligence qui l'habite, et, à l'inverse, plus une forme est élaborée et complexe, plus on y trouve d'intelligence.
Considère par exemple un ver de terre : à sa manière d'agir, tu y reconnaîtras bientôt une intelligence des plus réduites, tout à fait en harmonie avec sa forme ; à l'inverse, observe la forme déjà bien plus complexe d'une abeille : tu trouveras dans ce petit animal une intelligence déjà bien supérieure. Et ainsi de suite jusqu'à l'homme.
Mais, puisque ces formes ne font que recueillir et porter temporairement une vie qui devient toujours plus forte et plus intelligente, et que cette vie en progression constante ne cesse de quitter ses formes antérieures à mesure qu'un plus grand nombre d'intelligences simples se réunissent entre elles, il est clair que ce qu'il advient par la suite de la forme sans vie qui n'était, pour l'intelligence vivante qui l'habitait, qu'une enveloppe organique et mécanique bien adaptée à son but, est de peu d'importance. Ainsi, que ces poissons soient mangés par nous, les hommes, ou par d'autres animaux, ne dérange en rien le grand dessein du Créateur, et le but final de la vie sera inéluctablement atteint malgré tout.
Car on sait que ces enveloppes privées de vie contiennent des éléments nutritifs, et, lorsque ces formes sans vie sont dévorées à leur tour, ce qu'il y a de noble en elles passe dans une autre vie, et c'est ainsi que, dans le grand cercle des créatures de cette terre, on assiste à un combat et à un échange permanents, qui se poursuivent jusqu'à l'homme.
Mais la forme extérieure de l'homme, c'est-à-dire son corps, n'a elle-même de valeur que tant qu'elle est habitée par l'âme, qui seule est vivante. Parvenue à maturité, l'âme quitte pour toujours le corps, qui est consommé — peu importe alors par qui ou par quoi. Ce qui demeure en lui de substance de l'âme sera restitué à l'âme, et tout le reste sera assimilé en tant que nourriture par des milliers d'autres formes de vie. Telle est, en peu de mots, l'explication profonde de ce qui t'a tant fait réfléchir en vain. — Comprends-tu à présent ? »
Le Seigneur répond à une question d'un capitaine romain sur la raison d'être des bêtes féroces et la lutte pour la survie dans la nature: (Grand Évangile de Jean_10, chaps.21 et 22)
(Le Seigneur :) «... Cependant, il existe encore une troisième raison, bien connue
de tous Mes disciples, mais que ta raison ne peut pas encore concevoir pleinement. Tout ce que Je puis t'en dire pour le moment, c'est que tout ce que contient cette Terre de son centre jusqu'à ses plus hautes régions aériennes, et bien au-delà, n'est autre que de la substance animique, mais à l'état jugé, à des degrés divers de dureté ou de douceur, raison pour laquelle elle apparaît aux yeux de chair des hommes de ce monde, et à leur perception, comme une matière tout à fait morte, d'une plus ou moins grande dureté. Toutes les sortes de pierres, de minéraux et de terre, l'eau, l'air et toutes les substances encore à l'état libre entrent dans cette catégorie.
Il y a ensuite tout le règne végétal aquatique et terrestre ainsi que sa transition vers le règne animal. Dans ce règne, le jugement apparaît comme déjà moindre, et la substance animique se trouve déjà dans une phase de plus grande liberté que dans son état antérieur de jugement rigoureux, et c'est pourquoi on voit apparaître dans ce deuxième règne une plus grande diversité, une différenciation et un
développement individuel de l'intelligence naissante dans cette substance animique jusque-là chaotiquement mêlée.
Mais, ayant été soumise à une grande différenciation dans le deuxième règne pour les besoins de la constitution d'intelligences particulières, la substance animique doit, pour que les intelligences séparées deviennent toujours plus lucides et plus libres, s'unifier encore davantage dans le troisième règne, le règne animal, où la diversité est encore bien plus grande. C'est pourquoi les innombrables parcelles de substance animique d'animalcules de toutes sortes s'assemblent pour former l'âme d'un plus gros animal, par exemple celle d'un ver plus grand ou d'un insecte.
De même, une fois débarrassées de l'enveloppe matérielle qui les retenait, d'innombrables âmes d'insectes de toutes sortes s'unissent à nouveau dans une âme animale plus grande et plus complexe, et cela se poursuit jusqu'aux animaux les plus grands et les plus accomplis, d'abord sauvages, puis d'espèces plus douces; et c'est de la dernière réunion d'âmes animales que naissent enfin les âmes humaines, pourvues de toutes les facultés d'intelligence possibles.
Lorsqu'un homme vient au monde et qu'il doit encore, pour les besoins de sa
complète libération, supporter le poids d'un corps, Dieu a donc fort sagement prévu que son âme unique ne puisse se souvenir de tous les états préalables transitoires, mais divisés, qui l'ont nécessairement précédée, pas plus que ton œil ne peut distinguer et différencier dans la mer les petites gouttes d'eau qui la constituent. Car s'il était donné à une âme de voir qu'elle est formée d'une diversité si infinie de parcelles de substance animique et d'intelligence, elle ne supporterait pas un tel assemblage et voudrait aussitôt se dissoudre comme une goutte d'eau sur un fer brûlant.
C'est donc précisément afin de la préserver que le corps dans lequel l'âme humaine est enfermée est organisé de façon à lui ôter tout souvenir antérieur jusqu'au jour où elle s'unira pleinement à l'esprit d'amour divin en elle. Car cet esprit est comme le ciment qui fait d'un être un tout indestructible en liant l'infinie diversité de ses parcelles animiques d'intelligence; celles-ci, se voyant alors en pleine lumière, se reconnaissent et se comprennent, et, devenues un être
parfait à l'image de Dieu, louent et glorifient Son amour, Sa sagesse et Sa puissance. »
(Le Seigneur :) « Bien des phénomènes permettent à un homme qui pense et
sent avec assez de profondeur au moins de pressentir avec une certaine clarté que l'âme humaine, et même son corps au début tout à fait sans défense, sont ainsi constitués.
Considère quelle infinité d'idées des plus diverses une âme tant soit peu éduquée peut concevoir et se représenter - avec quelle justesse, peu importe pour le moment; si elle n'était pas en quelque sorte un composite de toutes choses, elle ne pourrait pas plus faire cela qu'un bœuf ou un âne ne peut dessiner les plans d'un palais royal et le construire ensuite d'après ces plans.
Cependant, si tu observes toutes les bêtes qui existent, tant dans les airs - comme les insectes et les oiseaux - que sur la terre ferme et dans l'eau, tu
trouveras chez la plupart la faculté de bâtir. Regarde les abeilles et d'autres petites bêtes plus ou moins semblables; observe la très grande diversité dans la construction des nids des oiseaux; vois les fourmis et d'autres insectes qui vivent dans la terre, les araignées, les chenilles, les différentes espèces de rats et de souris, le castor, qui se bâtit une véritable hutte, les renards, les loups, les ours et une foule d'autres bêtes qui confectionnent et aménagent leur logis de la manière la plus conforme à leur nature; vois aussi les divers animaux marins, particulièrement les coquillages, dont l'aptitude à construire émerveillerait bien souvent le meilleur des architectes!
Mais, bien sûr, chaque animal, du plus petit au plus grand, n'a que la faculté de construire propre à la forme d'intelligence animale très simple de son âme; il connaît le matériau dont il a besoin et l'utilise toujours de la même manière uniforme. Dans l'âme humaine, au contraire, sont présentes toutes les facultés de construction d'innombrables intelligences animales, qui la rendent capable, comme par un savoir muet, d'échafauder une infinité de concepts et d'idées, et de créer ainsi de grandes formes tout à fait nouvelles.
C'est ainsi qu'avec seulement un peu d'éducation, l'homme peut imaginer lui-même les demeures les plus diverses et un nombre infini d'autres objets, et mettre tout cela en œuvre par sa volonté, son intelligence et son zèle. Saurait-il faire cela si les facultés les plus diverses n'étaient venues à son âme de la manière dite? Certes non, car même l'animal le plus intelligent après l'homme n'a pas d'imagination, donc pas de don créateur universel.
Tu te dis sans doute en toi-même : "Oui, mais pourquoi faut-il que l'âme humaine acquière toutes ces capacités à la longue et si laborieusement? "
Je te le dis: le très bon et très sage architecte de toute chose et de tous les êtres sait mieux que quiconque pourquoi Il a choisi précisément cette voie pour la formation d'une âme humaine parfaite sur cette terre, et tu peux donc te satisfaire de Ma parole. Quand tu seras devenu toi-même plus parfait, tu comprendras la raison de ce qui te paraît une voie longue et laborieuse.
Vous autres Romains, comme les Grecs, les Phéniciens et les Égyptiens, vous croyiez jadis et croyez encore à la migration des âmes, et il en va de même des Perses, des Indiens et des Sihinites d'au-delà de la grande montagne dans le lointain Orient, d'un autre peuple qui vit encore plus loin vers l'Orient, sur de grandes îles entourées du plus vaste océan de cette terre, et de bien d'autres peuplades dans le vaste monde; mais partout, la vérité bien connue des premiers patriarches a été complètement dénaturée et détournée par les maîtres cupides, remplacés ensuite par des prêtres orgueilleux et tyranniques, qui sont apparus
pour l'enseigner au peuple - car la vraie migration des âmes ne pouvait leur rapporter ni offrandes, ni tribut, et c'est pourquoi ils ont dit que les âmes humaines retournaient dans les bêtes pour y souffrir, et que seuls les prêtres pouvaient les délivrer de ces souffrances, moyennant de grands sacrifices... »
C'est cette fois le juge romain et magistrat d'une ville située près du mont Nébo qui, ayant assisté à une scène où un chacal tua et mangea une gazelle, et fut ensuite lui-même tué par un aigle géant, fait part au Seigneur de ses sentiments: (Grand Évangile de Jean_10, chap.180, v.17)
Après cette courte scène, le juge déclara: « Seigneur et Maître, le spectacle de ces animaux qui s’entre-dévorent, comme celui des graves maladies qui précèdent la mort d'un homme m'ont toujours paru peu sages et cruels - au regard de la sagesse supposée d'un seul Dieu, ou même de plusieurs. Tu dois bien savoir pourquoi il faut qu'il en soit ainsi, mais nous, même avec la meilleure volonté du monde, nous ne pouvons nous le figurer clairement! »
De retour à l'auberge, le Seigneur lui explique le but de la lutte dans la nature, et lui donne un exemple de réunion d'âmes animales:(Grand Évangile de Jean_10, chaps.184 et 185)
(Le Seigneur :) « ...Mais ta vraie question était celle-ci: pourquoi ai-Je permis de telles inimitiés sur le corps céleste qu'est cette terre? À cela, Je réponds qu'il y a en dehors de cette terre un nombre infini de corps célestes bien plus grands sur lesquels tu ne verras aucun, ou très peu, de ces affrontements entre créatures qui existent ici.
Pourquoi donc cela arrive-t-il justement sur cette terre? Je te le dis: parce que l'âme et l'esprit des hommes de cette terre sont précisément faits de telle sorte qu'ils leur permettent de devenir les enfants de Dieu, raison pour laquelle ils peuvent ce que Je peux Moi-même, et c'est pourquoi Je disais déjà à vos pères, par la bouche des prophètes: "Vous êtes Mes enfants, et par là des dieux comme Je le suis, Moi, votre Père!" Or, pour former une telle âme, il faut en quelque sorte, comme on dit, l'assembler de toutes pièces, en une longue succession d'années, à partir d'un nombre infini de particules animiques issues du règne de toutes les créatures terrestres, et c'est précisément cet assemblage d'un nombre souvent infini d'âmes de créatures qui constitue ce que les anciens sages, qui connaissaient bien cela, appelaient la "migration des âmes".
Certes, les formes matérielles extérieures des créatures s'entre-dévorent, mais cela libère beaucoup d'âmes qui demeurent dans ces créatures, et qui, après s'être unies entre elles selon leur nature, seront ensuite à nouveau conçues dans une forme matérielle un peu plus évoluée, et ainsi de suite jusqu'à l'homme.
Et ce qui arrive à ces âmes arrive également à leur esprit de l'au-delà, qui est ce qui éveille, guide, forme et préserve véritablement l'âme jusqu'au stade de l'âme humaine, qui est la seule à accéder enfin au domaine de la liberté parfaite, et qui devient alors capable de poursuivre sa formation dans le domaine moral.
Quand l'âme s'est ainsi élevée par elle-même jusqu'à un certain degré d'accomplissement spirituel, elle s'unit enfin à son esprit d'amour et de lumière de l'au-delà, et l'homme tout entier commence dès lors à devenir toujours plus semblable à Dieu en toute chose; ensuite, quand l'âme se retirera de son corps, elle sera déjà un être parfaitement divin qui pourra tirer de lui-même tout ce qu'il voudra et le conserver sagement.
Or, ce que Je viens de te dire n'a lieu que sur cette terre, et sur aucun des autres corps célestes semblables à elle qui existent en si grand nombre, et tout être raisonnable en comprendra la raison: parce que cette terre correspond à Mon cœur, et que Je n'ai Moi aussi qu'un seul cœur et non plusieurs, il ne peut y avoir qu'un seul corps céleste disposé par Moi pour être celui qui correspond à Mon cœur et à son centre vital le plus profond.
Tu ne peux certes le comprendre déjà tout à fait clairement, et, si Je voulais l'expliquer à ta raison, il nous faudrait plus de mille ans pour que tu puisses seulement commencer à comprendre un peu mieux la profondeur de Ma sagesse.
Mais, quand tu ne feras plus qu'un dans ton âme avec Mon esprit, tu comprendras et concevras plus de choses que tu ne pourrais le faire par toi-même en mille ans d'une quête fort laborieuse.
Et à présent, puisque Je suis là et que toutes choses Me sont possibles, Je vais te montrer ce qui a résulté, du point de vue des âmes, de la chasse à laquelle tu as assisté aujourd'hui. »
(Le Seigneur :) « Tu as toi-même vu l'aigle géant s'emparer du chacal qui
s'était auparavant repu de la gazelle, puis s'envoler avec lui dans les airs et le laisser tomber sur un sol rocheux, ce qui a causé la mort de cette bête de proie, après quoi l'aigle s'en est de nouveau saisi et l'a emporté loin vers le sud, où il a son nid dans les falaises. Arrivé là-bas avec sa proie, il l'a à nouveau laissée tomber d'une certaine hauteur, parce qu'elle commençait à lui peser.
Or, cette proie, heurtant une paroi rocheuse, est tombée dans une gorge assez profonde, où des bergers arabes faisaient paître leurs maigres troupeaux. Ces bergers se sont bientôt aperçus que l'aigle, ennemi bien connu de leurs troupeaux, descendait toujours plus bas dans la vallée afin d'y aller chercher sa proie tombée dans les profondeurs.
Voyant cela, les bergers ont aussitôt tendu leurs arcs, visant l'aigle qui continuait de descendre, et, lorsqu'ils ont estimé qu'il était assez bas, ils lui ont décoché leurs flèches aiguës - et voici que ces trois bergers ont touché l'aigle, qui est tombé mort dans la vallée et a été emporté par les bergers comme un véritable trophée. Quant au pauvre chacal avec sa gazelle, il gît encore entre les rochers où il est tombé au fond de la vallée, et ne sera dévoré que dans quelque temps par d'autres rapaces.
Mais à présent, regarde: là-bas, devant la porte, se tient déjà une forme humaine pareille à celle d'un enfant, et elle attend d'être reçue dans le sein d'une mère lors d'une prochaine conception! Derrière cette apparition d'une âme, tu peux voir un être de lumière: c'est déjà l'esprit de l'au-delà de cette âme, et il devra veiller à ce que cette âme, pour l'heure encore naturelle, trouve refuge à la prochaine occasion dans le sein d'une mère.
Tu viens donc de voir comment, à partir de ces trois dernières âmes animales déjà fort accomplies - et qui ont eu, bien sûr, des milliers de précurseurs -, une âme humaine vient de se former.
Un enfant mâle viendra au monde avec cette âme, et, s'il est bien élevé, il deviendra un grand homme. La douceur de la gazelle gouvernera son cœur, la
ruse du chacal son intelligence, et la force de l'aigle géant sa raison, son courage et sa volonté. Son caractère sera principalement guerrier, mais il sera tempéré par son cœur et son intelligence, et ce sera donc un homme fort utile en toute circonstance. S'il devient un guerrier, il aura certes de la chance grâce à son courage, mais il pourra aussi être victime d'autres armes guerrières.
Afin que tu puisses observer cet enfant dès sa naissance, ton voisin terrestre pourra devenir son père dès l'an prochain. À présent, tu sais tout, et Je t'ai dit et montré là ce que Je n'avais encore jamais dit ni montré à aucun homme de cette manière. - Mais reprenons un peu de pain et de vin, afin de nous sustenter après cette longue explication! »
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