L'amour ou la volonté est la vie même de l'homme

Par sa fréquentation du monde spirituel, Swedenborg a transmis de précieux enseignements concernant l'homme, sa vie et sa destinée (quoique, dit-il, aucun esprit ni aucun ange ne s'est permis de lui apprendre quoi que ce soit, c'est du Seigneur qu'il a reçu directement toutes ces connaissances). Ainsi:

L'homme sait que l'amour existe, parce qu'on dit : Un tel m'aime, le roi aime ses sujets, le mari aime son épouse, la mère aime ses enfants, et réciproquement. Pareillement on aime sa patrie, ses concitoyens et son prochain. Il en est de même des choses : on aime une chose ou une autre. Cependant, malgré l'usage universel de ce mot, peu de personnes savent ce que c'est que l'amour. Quand l'homme médite sur l'amour et qu'il ne peut s'en former une idée, il dit que ce n'est rien, ou seulement une chose qui influe par la vue, l'ouïe, le toucher et la fréquentation, et ainsi émeut. Il ignore totalement que l'amour est sa vie même, non seulement la vie de tout son corps et de toutes ses pensées en général, mais aussi celle de chacune de leurs parties. Le sage peut le percevoir quand il est dit : Si tu éloignes l'affection qui appartient à l'amour, peux-tu penser ou faire quelque chose ? La pensée, la parole et l'action ne se refroidissent-elles pas selon que se refroidit l'affection qui appartient à l'amour ? Ne s'échauffent-elles pas quand l'affection s'échauffe ? Mais le sage perçoit par l'expérience et non par la connaissance que l'amour est la vie de l'homme. (La Sagesse des Anges,n°1)



La volonté est la faculté qui permet à l'amour de s'exprimer en actes, elle est le réceptacle de l'amour. Mais on peut souvent parler indifféremment de l'amour et de la volonté car:

Aimer et vouloir, c’est la même chose, car ce que l’homme veut il l’aime, et ce qu’il aime il le veut. (Le Ciel et l'Enfer,n°455)



Mais l'amour reste fondamental. Dans la Communication du 18-11-1841 le Seigneur compare la volonté à un mécanisme d'horlogerie dont la force motrice est l'amour:

L'amour est l'éternel ressort du moteur de la volonté, comme la volonté est l'œuvre même. Mais jugez vous-mêmes: à quoi sert un puissant mécanisme d'horlogerie s'il n'a pas en même temps aussi un ressort moteur qui soit assez fort et assez puissant pour mettre cette puissante œuvre dans le mouvement opportun? Qui ne sait pas que lorsque la volonté touche quelque chose et qu’il ne se passe de toute façon rien, c’est parce que cette chose a été touchée seulement par la volonté et pas en même temps aussi par l'amour. Combien de jeunes filles souvent sont saisies par la volonté d'un candidat au mariage, mais ensuite souvent aucune de celles qui ont été saisies par cette volonté ne devient la femme du candidat, mais c’est une toute autre qui le devient, parce que cette dernière n’aura pas été saisie seulement par la volonté, mais aussi, en union avec la volonté, par un juste et puissant amour.
Mais en quoi consistait le moteur de l’action? Certainement pas dans la volonté, car celle-ci est égale à un mécanisme d'horlogerie qui n'a pas vraiment de ressort moteur ou bien qui en a un trop faible et détendu - mais il consistait dans le juste et puissant amour qui est l'unique force motrice de la volonté.





L'homme a un intellect pour devenir intelligent et sage

L'intellect ou entendement, a été créé et formé chez l'homme pour être le réceptacle de la sagesse:

Dans Genèse I, 26, on lit que l'homme a été créé à l'image de Dieu selon la ressemblance de Dieu. Par l'image de Dieu il est entendu la Divine Sagesse, et par la ressemblance de Dieu le Divin Amour, car la sagesse n'est autre que l'image de l'amour. En effet, l'amour se fait voir et connaître dans la sagesse, et puisqu'il y est vu et connu, la sagesse est son image. L'amour est aussi l'Etre de la vie, et la sagesse est l'Exister de la vie d'après l'Etre... L'homme ne peut être l'image de Dieu selon la ressemblance de Dieu, si Dieu n'est pas dans l'homme, et n'est pas la vie de l'homme par l'intime... Maintenant, puisque le Seigneur est le Divin Amour et la Divine Sagesse, et que ces deux choses sont essentiellement Lui-même, il faut de toute nécessité, pour qu'il habite dans l'homme,et donne la vie à l'homme, qu'il ait créé et formé dans l'homme des réceptacles et habitacles pour Lui-même, l'un pour l'amour et l'autre pour la sagesse. Chez l'homme, le réceptacle ou l'habitacle de l'amour est appelé volonté, et le réceptacle ou l'habitacle de la sagesse est appelé entendement. On verra dans ce qui suit que ces deux choses appartiennent au Seigneur chez l'homme, et que c'est d'après ces deux choses que toute vie est dans l'homme.(La Sagesse des Anges,n°358 à 360)

Il y a chez l'homme l'entendement et il y a la volonté; l'enten­dement reçoit les vrais, et il est formé d'après eux; la vo­lonté reçoit les biens, et elle est formée d'après eux; c'est pourquoi, tout ce que l'homme comprend et que par suite il pense, il l'appelle vrai, et tout ce que l'homme veut et que par suite il pense, il l'appelle bien. L'homme peut pen­ser d'après l'entendement, et par suite apercevoir qu'une chose est un vrai, et aussi qu'elle est un bien; mais né­anmoins il ne pense pas ce vrai ou ce bien d'après la vo­lonté à moins qu'il ne le veuille et ne le fasse; quand il le veut, et que d'après le youloir il le fait, alors ce vrai ou ce bien est non seulement dans l'entendement mais aussi dans la volonté, par conséquent dans l'homme, car ce n'est pas l'entendement seul qui fait l'homme, ni la volonté seule, mais c'est l'entendement et la volonté réunis, c'est pour­quoi ce qui est dans l'un et dans l'autre est dans l'homme, et lui a été approprié; ce qui est seulement dans l'entendement est, à la vérité, chez l'homme, mais non en lui, c'est seulement une chose de sa mémoire, et une chose de science dans la mémoire, chose sur laquelle il peut penser quand il n'est pas en lui-même, mais hors de lui-même avec d'autres, chose par conséquent sur laquelle il peut parler et raisonner, et aussi selon laquelle il peut feindre des af­fections et des gestes. (Le Ciel et l'Enfer,n°423-424)



L'entendement est soumis à la volonté, mais la volonté n'est pas soumise à l'entendement:

Par là on voit clairement l'erreur de ceux qui pensent : «Si je voyais le Ciel, et que j'entendisse les Anges me parler, je reconnaîtrais»; leur entendement cependant reconnaît, mais si la volonté ne reconnaît pas en même temps, toujours est-il qu'ils ne reconnaissent point; car l'amour de la volonté inspire à l'entendement tout ce qu'il veut, et non vice versa; bien plus, cet amour détruit tout ce qui dans l'entendement ne vient pas de lui. (La Sagesse Angélique sur la Divine Providence, n°209)



Toute pensée vient d'une affection

Maintenant, comme l'amour de la vie a son plaisir, et que sa sagesse a son charme, il en est de même de toute affection, qui dans son essence est un amour subalterne dérivé de l'amour de la vie, comme un ruisseau de sa source, ou comme une branche de son arbre, ou comme un artère de son cœur; c'est pourquoi chaque affection a son plaisir, et par suite chaque perception et chaque pensée a son charme, d'où il résulte que ces plaisirs et ces charmes font la vie de l'homme: Qu'est-ce que la vie sans le plaisir et sans le charme? Ce n'est pas quelque chose d'animé, c'est de l'inanimé; diminue le plaisir et le charme, et tu deviendras froid ou engourdi; ôte-les, et tu expireras et mourras: c'est par les plaisirs des affections, et par les charmes des perceptions et des pensées, qu'il y a chaleur vitale. Puisque chaque affection a son plaisir, et que par suite chaque pensée a son charme, on peut voir d'où viennent le bien et le vrai; puis, ce que c'est que le bien et le vrai dans leur essence: le bien est pour chacun ce qui est le plaisir de son affection, et le vrai ce qui par suite est le charme de sa pensée: en effet, chacun appelle bien ce qu'il sent comme plaisir d'après l'amour de sa volonté, et appelle vrai ce que par suite il perçoit comme charme d'après la sagesse de son entendement: l'un et l'autre afflue de l'amour de la vie comme l'eau découle d'une source, ou comme le sang coule du cœur: pris ensemble, ils sont comme une onde ou une atmosphère dans laquelle est tout le mental humain. Ces deux, le plaisir et le charme, sont spirituels dans le mental, mais dans le corps ils sont naturels; de part et d'autre ils font la vie de l'homme. D'après cela, on voit clairement quelle chose chez l'homme est appelée bien, et quelle chose est appelée vrai; puis aussi, quelle chose chez l'homme est appelée mal, et quelle chose est appelée faux, à savoir, que pour lui le mal est ce qui détruit le plaisir de son affection, et le faux ce qui par suite détruit le charme de sa pensée; et que le mal d'après son plaisir et le faux d'après son charme peuvent être appelés et être crus le bien et le vrai. Les biens et les vrais sont, à la vérité, les changements et les variations de l'état des formes du mental, mais ces changements et ces variations sont perçus et vivent uniquement par leurs plaisirs et par leurs charmes. Ces détails ont été donnés, afin qu'on sache ce que c'est que l'affection et la pensée dans leur vie.
Maintenant, puisque c'est le mental de l'homme, et non le corps, qui pense, et qui pense d'après le plaisir de son affection; et puisque le mental de l'homme est son esprit, qui vit après la mort, il s'ensuit que l'esprit de l'homme n'est absolument que l'affection et par suite la pensée. Qu'il ne puisse y avoir aucune pensée sans une affection, on le voit manifestement d'après les Esprits et les Anges dans le monde spirituel, en ce que là tous pensent d'après les affections de l'amour de leur vie, et que chacun est entouré par le plaisir de ces affections comme par son atmosphère ; et en ce que tous y sont conjoints selon ces sphères exhalées de leurs affections par leurs pensées: chacun aussi d'après la sphère de sa vie est connu tel qu'il est. Par-là on peut voir que toute pensée vient d'une affection et est la forme de son affection. (La Sagesse Angélique sur la Divine Providence, n°195 et 196)



Toute pensée vient du cœur: c'est ce que le Seigneur explique encore plus clairement dans le Grand Évangile de Jean: (Grand Évangile de Jean_2 ,chap.62)

Cyrénius dit: « Seigneur, cette pensée du cœur pour moi est inconcevable, depuis ma jeunesse je suis habitué à penser avec la tête, et il me semble im­possible qu'on puisse penser avec le cœur! Comment s'y prend-on pour penser avec le cœur? »

Je dis: «C'est très facile et tout naturel. Tout ce que tu peux penser et crois penser avec ton cerveau provient d'abord du cœur. Toute pensée, si minime soit-elle, a toujours une motivation, Cette pensée est d'abord suscitée dans le cœur par un besoin quelconque, ensuite seulement elle monte vers le cerveau où l'âme examine, puis celle-ci déclenche dans le corps les mouvements appropriés afin que la pensée intérieure se traduise en paroles ou en actes. Mais que l'homme puisse penser uniquement dans sa tête est parfaitement impossible. Une pensée est une création purement spirituelle et ne peut surgir ailleurs que dans l'esprit de l'homme, qui réside au cœur de l'âme d'où il anime tout l'homme. Comment une création pourrait-elle surgir de la matière, aussi subtile soit-elle ? Toute matière, même celle du cerveau de l'homme, n'est que pure matière et ne peut jamais jouer le rôle de créateur, elle n'est que création. Comprends-tu bien cela? Sens-tu maintenant que personne ne peut penser dans sa tête? »





L'homme ne peut être réformé et régénéré sans la raison et le libre arbitre

Extraits de l'ouvrage de Swedenborg La Sagesse Angélique sur la Divine Providence:

L'homme a la Raison et le Libre, ou la Rationalité et la Liberté ; et ces deux facultés sont par le Seigneur chez l'homme. L'homme a la faculté de comprendre, qui est la Rationalité, et la faculté de penser, de vouloir, de dire et de faire ce qu'il comprend, qui est la Liberté.(n°73)

Le Seigneur, dans toute progression de sa Divine Providence, garde intactes et comme saintes ces deux facultés chez l'homme... L'homme, sans ces deux facultés, n'aurait ni entendement ni volonté, et ainsi ne serait point homme : En effet, l'homme n'a la volonté que parce qu'il peut vouloir librement comme par lui-même; et vouloir librement comme par soi-même vient de cette faculté, - continuellement donnée à l'homme par le Seigneur, - qui est appelée Liberté ; et l’homme n'a l'entendement que parce qu'il peut comme par lui-même comprendre si telle chose est conforme ou non à la raison; et comprendre si une chose est conforme ou non à la raison vient de cette autre faculté, - continuellement donnée à l'homme par le Seigneur, - qui est appelée Rationalité...Sans qu'il soit besoin de confirmation, il est évident que si l'homme n'avait pas une Volonté d'après la faculté qui est appelée Liberté, et un Entendement d'après la faculté qui est appelée Rationalité, il ne serait point homme...L'homme ne pourrait pas, sans ces deux facultés, être conjoint au Seigneur, ni par conséquent être réformé et régénéré, c'est ce qui a été montré ci-dessus ; en effet, le Seigneur réside dans ces deux facultés chez les hommes tant méchants que bons, et par elles il se conjoint à chaque homme : de là vient que le méchant peut comprendre aussi bien que le bon, et qu'en lui il y a en puissance la volonté du bien et l'entendement du vrai ; s'ils n'y sont pas en acte, c'est par l'abus de ces facultés. Que le Seigneur réside dans ces facultés chez chaque homme, c'est d'après l'influx de la volonté du Seigneur, en ce qu'il veut être reçu par l'homme, faire sa demeure chez lui, et lui donner les félicités de la vie éternelle ; ces choses appartiennent à la volonté du Seigneur, parce qu'elles appartiennent à son Divin Amour. C'est cette Volonté du Seigneur, qui fait que ce que l'homme pense, dit, veut et fait, apparaît en lui comme étant à lui.(n°96)

Agir d'après le libre selon la raison, et agir d'après la Liberté et la Rationalité, c'est la même chose ; puis aussi, agir d'après la volonté et l'entendement est la même chose ; mais autre chose est d'agir d'après le libre selon la raison, ou d'après la liberté et la rationalité, et autre chose d'agir d'après le libre même selon la raison même, ou d'après la liberté même et la rationalité même; en effet, l'homme qui fait le mal d'après l'amour du mal, et qui le confirme chez lui, agit, il est vrai, d'après le libre selon la raison, mais néanmoins son libre n'est pas en soi le libre ou le libre même, mais c'est un libre infernal, qui en soi est le servile, et sa raison n'est pas en soi la raison, mais c'est une raison ou bâtarde, ou fausse, ou apparente par des confirmations : toujours est-il cependant que l'un et l'autre est de la Divine Providence; car si le libre de vouloir le mal, et de faire par des confirmations qu'il soit comme conforme à la raison, était ôté à l'homme naturel, la liberté et la rationalité périraient, et en même temps la volonté et l'entendement; et l'homme ne pourrait pas être détourné des maux, ni être réformé, ni par conséquent être conjoint au Seigneur et vivre pour l'éternité : c'est pourquoi le Seigneur garde le Libre chez l'homme, comme l'homme garde la prunelle le son œil. Mais néanmoins le Seigneur par le libre détourne continuellement l'homme des maux, et autant il peut par le libre le détourner, autant par le libre il implante les biens; ainsi successivement au lieu du libre infernal il introduit le libre céleste.(n°97)





L'homme doit lui-même façonner son propre coeur

Un exemple dans le Grand Évangile de Jean, où le Seigneur enseigne la nécéssité pour chacun de façonner son propre cœur (comme dans la Parole, le coeur désigne la volonté et son amour) . Après une dispute avec Thomas, Judas est admonesté par Jésus:(Grand Évangile de Jean_2 ,chap.75)

Je dis à Judas Iscariote : « Le frère Thomas se plaint justement de toi. Je te le dis, exhorte-toi en ton cœur à devenir un être humain ! Le diable que tu fais Me dégoûte et tu peux t'en aller. Ma compagnie est une sainte compagnie parce qu'elle est animée du souffle de Dieu, et dans une telle compagnie Je ne puis et ne dois tolérer aucun diable.»

Ces mots touchèrent Judas au point qu'il tomba à genoux aux pieds de Thomas pour lui demander pardon.

Mais Thomas dit : «Ce n'est pas auprès de moi qu'il faut faire amende honorable, mais auprès de Celui dont tu as repoussé l'enseignement en agissant mal envers moi.» Judas se lève alors et se précipite vers Moi, se jette à Mes pieds pour Me demander pardon.

Mais Je lui dis : «Exhorte-toi en toi-même, car la prière de tes lèvres sans la prière intérieure n'a aucune valeur pour Moi. Je vois à travers ton cœur et Je découvre qu'il est entièrement mauvais. Une apparence extérieure de gentillesse est semblable au serpent qui, par ses gracieuses circonvolutions, trompe les oiseaux du ciel qui viennent se précipiter en pâture dans sa gueule. Je te le dis, prends garde à toi si tu ne veux pas devenir bientôt la proie de Satan, car il ne laisse pas facilement partir ceux qui lui ont une fois appartenu.»

À ces mots, Judas se redresse et Me dit : « Seigneur, Tu fais sortir les morts de leur tombeau et ils vivent, pourquoi laisses-Tu mon cœur aller à sa perte dans la fosse de la corruption ? Je voudrais devenir un homme meilleur et ne le puis pas, parce que je ne puis changer mon cœur ; c'est pourquoi, Seigneur, Tu dois changer mon cœur, et je serai un autre homme.»

Je dis : « C'est là le grand mystère de l'homme, qui doit se façonner lui-même. Je puis tout faire pour l'homme sans qu'il cesse d'être homme; mais son cœur lui appartient et c'est à lui seul de travailler pour le rendre parfait s'il veut obtenir la vie éternelle. Car si je mettais Moi-même la première main à son cœur, l'homme deviendrait une machine et ne parviendrait jamais à une libre autonomie; tandis que lorsque l'homme reçoit l'enseignement de ce qu'il a à faire pour façonner son cœur pour Dieu, il doit être libre de suivre cet enseignement selon lequel il pourra façonner son cœur.

C'est lorsqu'il a ainsi forgé, purifié, nettoyé son cœur que Je puis y pénétrer en esprit et y prendre demeure, alors l'homme tout entier est né de nouveau en esprit et ne peut jamais plus se perdre puisqu'il est devenu un avec Moi, comme Je suis un avec le Père dont Je suis issu et venu en ce monde pour montrer le chemin à tous les fils des hommes et les conduire sur la voie qu'ils ont à suivre en esprit pour parvenir en Dieu à la plénitude de la vérité.


Comme chacun d'entre vous, tu dois mettre toi-même la première main au façonnement de ton cœur, sans quoi tu es perdu, t'aurais-Je mille fois rappelé du tombeau à la vie de la chair.»

Judas Iscariote dit : « Seigneur, alors je suis perdu ! J'ai un cœur indomptable et je n'y puis rien moi-même.»

Je dis : « Écoute alors tes frères et ne te mets pas en colère s'ils te sermonnent gentiment, car c'est pour t'aider à cultiver le jardin de ton cœur.

Vois Thomas, qui ne se laisse pas rebuter par ta grossièreté lorsque tu donnes libre cours à la méchanceté de ton cœur; écoute plutôt ses admonestations, et ton cœur s'améliorera peu à peu. Mais si tu ne te laisses rien dire par personne, comme ce fut le cas jusqu'ici, tu seras bientôt perdu et, Je te l'ai dit, tu deviendras la proie de Satan; alors ce sera Satan et non Moi qui demeurera dans ton cœur.

Garde-toi surtout de la colère et de l'avidité si tu ne veux pas devenir l'enfant de la mort éternelle; car le remords et la pénitence ont peu d'effet au-delà du tombeau et n'aident guère une âme impure et noire. Va et songe bien à Mes paroles.»



Après la purification du Temple, à des Juifs qui s'enquièrent sur lui auprès des disciples et lui parlent de leur éventuel soutien, Jésus répond: (Grand Évangile de Jean_1 ,chap.14, v.11)

Je dis : «Que voulez-vous Me donner que vous n'ayez reçu auparavant de Mon Père, qui est aux Cieux ? Et si vous l'avez reçu, comment pouvez-vous parler comme si vous ne l'aviez pas reçu? Que voulez-vous Me donner qui ne M'appartienne! Car ce qui est au Père est à Moi. Car le Père et Moi ne sommes pas deux mais un! Je vous le dis, rien ne vous appartient, sauf votre volonté. Tout le reste est à Moi. Si vous Me donnez votre volonté dans l'amour véritable de vos coeurs, et si vous croyez que Moi et Mon Père sommes parfaitement un, vous M'aurez donné tout ce que Je veux attendre de vous!»





Nombreux sont les enseignements du Seigneur dans le Grand Évangile sur l'importance du libre arbitre. Ici,au Temple,le jour où Jésus a guéri un aveugle-né (Jn9), et après les controverses avec les scribes et les Pharisiens qui cherchaient à prendre Jésus en défaut devant le peuple (Mt21.23-46 et chaps. 22 et 23): ( Grand Évangile de Jean_7 ,chap.202)

Dans la foule, un homme qui connaissait bien l'Écriture Me dit :«Grand Maître, beaucoup d'entre nous ont entendu Ta doctrine, ont vu Tes nombreux signes et s'en sont émerveillés, et l'on a commencé à dire : "Si cet homme, avec sa sagesse inouïe, sa force et sa puissance miraculeuse visible et parfaitement divine, devant quoi la mort obstinée elle-même doit céder, n'est toujours pas le Messie promis, c'est à se demander si le vrai Messie, lorsqu'Il viendra, pourra vraiment faire de plus grands signes! Nous ne le croyons pas et ne le croirons jamais! Car un homme qui peut, sans autre moyen que sa seule parole, guérir les maladies les plus graves, et même - comme nous l'avons vu près de Bethléem -, rendre à un homme les membres qui lui manquent, ressusciter les morts, commander aux vents et aux tempêtes et faire paraître à volonté le Soleil, la Lune et tous les astres, celui-là n'est plus un homme, mais un Dieu!

Voilà, Seigneur et Maître, ce qui se dit désormais couramment entre nous, et nous croyons donc que Tu n'es pas seulement le plus grand de tous les prophètes, mais le Seigneur en personne.

Il est vrai que Tu possèdes un corps tout comme nous, mais ce corps renferme la totalité de la divinité, et Tes paroles comme Tes actes témoignent de sa présence merveilleuse en Toi. Nous le croyons une fois pour toutes et ne nous laisserons plus induire en erreur par les furieux du Temple.

Mais nous avons une prière à T'adresser, Seigneur: renonce donc à Ta sainte patience, terrasse une bonne fois sous Tes pieds Tes ennemis incorrigibles et punis-les de la férule qu'ils méritent depuis longtemps!»

Je dis: « Si vous croyez vraiment en Moi, vous ne devez pas prendre les devants de Ma sagesse qui régit et aplanit toute chose en ce monde, mais unir votre patience à la Mienne et songer que, dans ce monde qui met à l'épreuve la liberté, il est disposé une fois pour toutes que chaque homme peut faire ce qu'il veut; car ce n'est que par une liberté parfaite de sa volonté qu'il peut conquérir la vraie vie éternelle de son âme. Mais, de même que sa volonté est libre, il dispose d'une vraie raison et d'un libre jugement qui lui permettent de reconnaître et d'apprécier tout ce qui est bon et vrai, et il peut tout à fait aussi agir en conséquence, puisque toutes les forces nécessaires lui ont été données pour cela.

Si l'homme reconnaît le bon et le vrai, mais choisit volontairement d'agir à leur encontre, il se juge lui-même et bâtit son propre enfer, devenant dès ce monde un diable accompli. C'est là sa punition, et il se l'inflige lui-même sans que Je l'aie voulu!

Aussi, ne vous inquiétez pas de Ma grande patience et de Mon amour envers les hommes, bons ou méchants. Je Me contente de les rappeler à l'ordre lorsqu'ils se sont fourvoyés par leur propre faute; mais, malgré Ma toute-puissance, Je ne peux les prendre pour les remettre sur le vrai chemin de la vie, parce que ce serait leur ôter leur libre arbitre, et cela reviendrait à priver de vie leur âme et leur esprit.

Aussi, que chacun suive les chemins de son choix! C'est bien assez qu'un homme sache quelles conséquences, bonnes ou mauvaises, ils entraînent à coup sûr. Car tout homme, s'il fait usage de son entendement et de sa raison, sait ce qui est juste et bon selon les révélations célestes - donc aussi ce qui est mal et injuste, et le choix de s'y conformer est entièrement laissé à son libre arbitre.

Si vous comprenez bien cela, vous ne pourrez plus vous plaindre de Ma patience et de Ma longanimité; car il faut qu'il en soit ainsi sur cette terre, qui est une école pour les enfants de Dieu en devenir.

Car là ou les hommes sont appelés à devenir des esprits et des êtres parfaitement semblables à Dieu, il faut aussi, à l'inverse, que leur libre arbitre ait toute latitude jusqu'à l' infini pour faire d'eux des diables accomplis, mais alors, bien sûr, ils en seront responsables et devront supporter les conséquences de leur propre choix.

Aussi n'est-ce jamais Moi qui, par Ma toute-puissance, condamnerai et punirai un homme pour ses mauvaises actions, mais lui-même et la loi immuable de Mon ordre éternel, annoncée à tous maintes fois par les voies lumineuses de la révélation depuis les commencements de l'existence humaine sur cette terre.


Et puisque vous comprenez cela maintenant. exercez-vous à la patience et ayez une vraie pitié, non seulement des corps malades, mais plus encore des âmes malades et aveugles, et c'est ainsi que vous parviendrez le plus vite et le plus facilement à être vraiment tout à fait semblables à Dieu, et les égaux des anges du ciel.»



Ici, en réponse à la proposition d'un capitaine romain, venu tout exprès à Béthanie pour retrouver Jésus: ( Grand Évangile de Jean_8 ,chap.126)

Le capitaine: «Seigneur et Maître, à l'auberge près de Bethléem, il a suffi d'une parole et de Ta volonté pour guérir deux malades que tous les médecins déclaraient incurables. Si Tu peux faire cela, il devrait T'être tout aussi facile de dire: "Écoutez-Moi, âmes obscures: Je veux que la lumière soit en vous!", et, à cette parole puissante prononcée avec Ta volonté, il ne devrait plus subsister sur toute la terre un seul homme ignorant et mauvais!»

Je dis: «Tu as certes raison pour une part: mais, Moi qui sais mieux que quiconque comment l'homme doit être fait pour être humain et non un homme-bête, Je te le dis: seul le corps de l'homme est une machine complexe et sagement disposée, dont la santé, l'entretien et l'usage dépendent non du libre arbitre humain, mais de Celui-là seul qui l'a conçue et créée. S'il manque quelque chose à cette machine, le Maître peut certes y remédier facilement par Sa volonté toute­ puissante sans porter le moindre préjudice à la liberté de conscience, de croyance et de volonté de l'homme. Mais si Je faisais de même avec l'âme et l'esprit d'un homme, la force de vie de cette âme, faite de ce qu'elle aime, pense, cherche et découvre librement, de sa foi et de son libre arbitre, serait autant dire brisée et détruite, et avec elle tout ce qui fait l'autonomie de l'individu. Que deviendrait donc cette âme, et enfin, qu'en aurais-Je de plus Moi-même?

Pour être sauvée éternellement, il faut donc que l'âme humaine soit amenée à la lumière de vie de l'esprit divin qui demeure en elle, d'abord par une bonne éducation, ensuite par sa propre recherche, ses expériences, ce qu'elle découvre, croit et veut par elle-même; toute autre force qui lui viendrait en aide selon ton idée ne ferait que la détruire et n'aurait en aucun cas une influence salutaire sur elle.


Et c'est bien pourquoi Je prends des disciples et enseigne Moi-même, comme un vrai père enseigne à ses enfants ce qu'ils doivent croire, savoir et faire: car si Je faisais entrer de force et d'un seul coup Mon esprit en eux, ils cesseraient dès lors d'être autonomes, de chercher, expérimenter, découvrir, croire et vouloir par eux-mêmes, et c'en serait donc fait aussi de leur vie individuelle et de leur liberté.

Mais quand Je vous apprends à connaître la vérité et à agir en conséquence par vous-mêmes, cela n'entrave en rien la parfaite liberté de vos âmes, et ce qu'elle obtiendra de haute lutte selon Ma doctrine sera son œuvre, sa conquête et sa propriété.

Vois-tu, c'est là ce que Dieu veut, selon Son ordonnance éternelle, pour que l'homme s'instruise véritablement et avec un vrai profit sur cette terre, car ce n'est qu'ainsi que son âme pourra accéder à la vraie vie éternelle et devenir finalement, à l'instar de Dieu, créatrice de sa propre vie et de son ciel!

C'est pourquoi il M'est certes facile de guérir un corps malade, mais non pas en même temps une âme malade et ignorante. Il est vrai que Je guéris les âmes aussi, mais par Ma doctrine, lorsqu'elles veulent embrasser cette foi et s'y conformer dans leurs actes. Or, celui qui veut cela a déjà reçu Mon esprit avec cette ferme volonté, et y trouve une force de vie suffisante pour le sauver, mais, même s'il comprend que c'est malgré tout Ma force seule qui demeure et agit en lui, il peut dire à bon droit que cette force est sienne.

Ainsi, celui qui aura l'occasion de transmettre aux hommes Ma doctrine et Ma volonté sera un fidèle ouvrier dans Ma vigne qui est la vie des hommes, et pour cela, il recevra sa récompense dans Mon royaume. - As-tu bien compris à présent?»





Et ici, les paroles très explicites de Jésus, en réponse à la proposition du gouverneur romain Cyrénius d'imposer aussi la loi mosaïque aux Grecs: ( Grand Évangile de Jean_2 , chaps.28 et 29)

(Le Seigneur:) « .. Si tu prends un jeune oiseau sortant de sa coquille et que tu le nourrisses pour qu'il vole plus tôt, et que par ailleurs tu lui rognes les ailes, dis-moi, à quoi lui servira la meilleure des nourritures! L'oiseau végétera, et il n'aura pas la liberté de voler tant que tu lui raccourciras les ailes.

Si l'oiseau ne peut voler sans ailes, l'esprit de l'homme ne peut atteindre sa libre autonomie tant que la contrainte vient raccourcir les ailes de son libre arbitre. Un esprit qui ne peut agir librement est déjà mort, parce qu'il est privé de ce qui fait le fondement même de sa vie!

Tu peux donner aux hommes des milliers de lois pour la sphère terrestre et les sanctionner avec ce "doit" romain, sans que l'esprit de l'homme en pâtisse. Mais c'est tout le contraire lorsqu'un seul commandement de Dieu est sanctionné par une loi terrestre.

Le spirituel doit rester libre et doit trouver en lui-même sa sanction, ainsi que le jugement qui lui est lié; c'est seulement ainsi, en lui et par lui, qu'il peut atteindre la plénitude de la vie.

La libre connaissance du bien et du vrai est la lumière vivante de l'esprit. C'est de cette lumière que l'esprit se choisit ses lois. Ces lois librement choisies sont alors faciles à supporter et en accord avec la liberté de la vie. La volonté dont l'esprit dispose lorsqu'il a acquis cette connaissance est une loi libre pour l'esprit, et la nécessité éternelle d'agir selon ce libre arbitre est la sanction éternelle dont aucun esprit ne peut se passer s'il veut agir librement
...

C'est pourquoi il ne faut pas condamner catégoriquement la faculté qu'a l'homme de pouvoir pécher, car sans cette faculté d'agir à l’encontre de la loi, l'homme serait un animal et non pas un être humain.

Et je te le dis, seul le péché apporte à l'homme le témoignage de son humanité; sans le péché il serait un animal.

Il est certes juste et bon de punir les pécheurs quand ils s'éloignent par trop de l'ordonnance que Dieu Lui-même a établie pour que l'homme parvienne le plus sûrement et le plus rapidement possible à la perfection. Mais il ne faut priver personne, par la contrainte, de la possibilité de pécher. Car en vérité Je te le dis, Je préfère un pécheur qui fait pénitence librement à quatre-vingt-dix-neuf justes devant la loi qui n'ont jamais eu besoin de se repentir; le premier est un homme à part entière, les autres ne le sont qu'à moitié!

Je ne veux pas dire pour autant que je préfère les pécheurs aux justes, parce qu'ils sont toujours pécheurs. Demeurer dans le péché signifie devenir un animal qui, sur la fausse base des instincts, passe son existence à se souiller. Il s'agit ici du pécheur qui reconnaît librement avoir eu tort d'agir contrairement à la loi, et qui se met à vivre en accord avec l'ordonnance de Dieu qu'il a reconnue, pour devenir un être humain à qui aucune des leçons de la vie n'est restée étrangère.»



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