Après avoir expliqué qu'il y a une trinité en tout homme (cf. L'homme: trinité corps-âme-esprit) Le Seigneur explique la Trinité en Dieu, et tout d'abord l'impossibilité d'un Dieu divisé en trois personnes: (Grand Évangile de Jean_8, chap.25,12-15,et chap.26 )
(Le Seigneur:) Après cette explication essentielle qui, Je l'espère, vous a bien fait comprendre qu'en tout homme, et, à des degrés moindres, en toute chose, il y a d'une certaine manière trois aspects distincts, nous pouvons passer à la trinité de l'essence même de Dieu, et vous comprendrez clairement pourquoi, à cause de cette vérité
supérieure profonde, J'ai dû vous commander de baptiser, c'est-à-dire de fortifier, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, ceux qui croient en Moi et ont embrassé Ma doctrine dans la pratique.
Écoutez donc bien, cette fois encore, ce que Je vais vous dire afin que Mon explication soit véritablement complète.
Voici : dans les écrits des Prophètes, comme vous le savez désormais tous fort bien, il est dit que Moi, Jésus, le Christ - également appelé Fils de l'homme -, Je suis le vrai Dieu, bien qu'Il soit désigné sous d'autres noms tels que Père, Fils et Esprit, et pourtant, Dieu dans Sa gloire est une personne unique sous une forme humaine très parfaite.
De même que, comme vous le savez à présent, l'âme, son corps extérieur et son esprit ne forment qu'un seul être, ou, d'une certaine manière, une seule substance individuelle, tout en demeurant parfaitement distincts, ainsi le Père, le Fils et l'Esprit sont unis, comme l'enseignent clairement lesdits écrits des patriarches et des prophètes.
David a dit un jour que son âme, son esprit et son corps seraient trouvés sans péché devant Dieu. Mais si ce sont bien là les paroles de ce sage roi des temps anciens, ne peut-on se demander aussi: comment cela se fait-il? L'homme consiste-t-il donc en trois personnes, en trois hommes? Mais si cela n'est déjà pas possible pour l'homme, dont on sent pourtant bien que sa division en trois aspects est nécessaire pour les besoins de sa formation et de son accomplissement, comment Dieu, l'Être unique parfait de toute éternité, pourrait-Il Se diviser en trois personnes distinctes, voire trois divinités?
Si Dieu, Créateur de tous les êtres et pourtant distinct de tous les êtres qu'Il a créés, a toujours existé et existera à coup sûr éternellement, en quoi cela Le contraint-il à Se tenir immuablement au centre de Sa Création?! Si même les hommes sont libres des mouvements de leur corps, et bien plus encore de ceux de leur esprit, comment Dieu, le plus libre de tous les êtres, pourrait-Il être limité en cela même où Il donne toute liberté à Ses créatures? Je vous le dis, Dieu, qui est infini en toute chose, a aussi le pouvoir de Se mouvoir librement dans tout l'infini! Et Il a donc assurément aussi le droit de renoncer à Sa gloire infinie pour Se faire chair et, étant Lui-même un homme infiniment parfait, devenir ainsi visible et concevable pour Ses créatures humaines.
Mais s'il est un pouvoir qu'Il n'a pas et ne saurait avoir, c'est celui de créer d'autres divinités égales à Lui car s'Il le pouvait, il faudrait aussi qu'Il puisse créer hors de l'espace infini d'autres espaces également infinis, et tout homme qui pense tant soit peu clairement ne peut manquer de reconnaître la complète absurdité de cette proposition. Car si l'espace unique est déjà infini dans toutes les directions, où un autre espace également infini pourrait-il commencer?
Ainsi donc, l'existence d'un second Dieu parfait à la gloire également infinie est tout aussi inconcevable que celle d'un second espace infini, et cela vous montre clairement que, Moi qui vais à présent parmi vous comme un Fils d'homme incarné, Je ne suis pas un second Dieu, mais le même Dieu unique qui existait avant toute créature et qui durera éternellement. C'est pourquoi Je ne puis rien faire contre Ma gloire éternelle, mais tout pour elle.
Si Je créais deux autres dieux, par exemple le Fils et le Saint-Esprit, qui soient des personnes distinctes de Moi, il faudrait bien qu'ils puissent revendiquer l'entièreté de Ma toute-puissance, sans laquelle Dieu n'est pas plus concevable qu'un deuxième ou même un troisième espace infinis, qui soient en même temps partiels et limités par les autres. Car si cela était concevable, qu'adviendrait-il de l'unicité de la souveraineté divine?
La souveraineté infinie de Dieu ne saurait être qu'unique! Car s'il y en avait trois, le royaume sans fin de Dieu serait divisé, et son existence deviendrait aussi inconcevable que celle de trois espaces infinis juxtaposés. Le royaume unique de l'unique vrai Dieu peut être éternel parce qu'Il en est le roi et le maître unique, comme il est écrit dans les Prophètes, qui ont annoncé selon les paroles de Dieu : "Dieu ne donnera Sa gloire à nul autre." (Is. 42,8.) Car Moi seul, Christ, suis le Dieu unique! Hommes, anges, trônes et puissances, oui, toutes choses au ciel et dans tous les mondes se sont toujours courbées devant Moi et ne se courberont jamais que devant Moi et devant nul autre, de même que tous les univers créés, si infiniment grands qu'ils paraissent, disparaissent dans l'espace unique de la Création et sont comme le néant comparés à lui.
S'il ne fallait pas entendre par les noms Père, Fils et Saint-Esprit un unique vrai Dieu existant en Lui-même comme un seul être fondamental, mais admettre qu'il y a un Fils distinct du Père et de même un Saint-Esprit... quelle sorte de Dieu serait donc le Père?
Si, selon les écrits des prophètes, que les hommes, par une incompréhension grossière dont ils sont seuls responsables, ne saisissent pas, le Père a revêtu le Fils de tous les pouvoirs au ciel et sur tous les mondes, Lui adjoignant le Saint-Esprit dans le but de sanctifier et de faire régner la nouvelle doctrine céleste qui vous a été donnée, et si le Fils seul, que Je représente, a été placé à la tête de cette doctrine comme de toutes les autres choses, Je vous le demande, quelle sorte de Dieu est donc pour vous le Père? Pouvez-vous encore Le considérer comme Dieu?
Et si, dans votre aveuglement d'hommes matériels, vous pouvez encore vous Le représenter comme tel, vous devez certes L'imaginer bien oisif, puisque, dans ces conditions Il n'aurait évidemment plus rien à faire ni rien sur quoi régner. Il vous faudrait imaginer, à la manière des hommes les plus ignorants, qu'à cause de Son grand âge, tel le vieux Pharaon d'Égypte qui remit le gouvernement à Joseph, Dieu le Père, affaibli et fatigué, aurait laissé pour toujours le Sien à Son Fils, afin de pouvoir désormais S'adonner au repos et passer agréablement le temps! Pouvez-vous vraiment croire que le Père Se fait vieux et veut Se retirer, puisqu' Il a désormais un Fils issu de Lui et tout-puissant comme Lui, et même un Esprit-Saint également tout-puissant qu'Il aurait peut-être créé avec Son Fils, et qu'ayant abdiqué, Il veut maintenant leur confier tout le gouvernement?
Oh! il faudrait qu'un homme soit particulièrement stupide et plus aveugle qu'un païen pour que sa raison en vienne à de telles folies! S'il existe un Fils et un Saint-Esprit distincts et séparés du Père de la même façon qu'il existe des anges et des hommes, ils ne peuvent être que Ses créatures, parce qu'ils doivent leur existence, si parfaite soit-elle, à l'unique Créateur, et non à eux-mêmes en vertu de leur propre omnipotence éternelle. Et comment pourrait-il y avoir une parenté divine absolue, une identité d'essence entre un esprit sans corps ni forme et un esprit qui en est pourvu ? Peut-on dire du Fils, qui est une personne physique pourvue d'un corps que vous voyez, qu'Il est dans le Père, quand le Père n'a ni corps, ni aspect extérieur? Et le Père infini, sans corps et sans forme peut-Il être dans le Fils? Plus encore : si le Saint-Esprit est en soi une troisième personne issue du Père et du Fils, comment peut-il être pourvu des mêmes qualités qu'eux et également éternel? Ce qui reçoit l'existence d'autrui peut-il être l'égal de celui qui existe par lui-même de toute éternité? L'éternité peut-elle être identique au temps fugitif, ou l'infini à un espace borné? Si l'on peut certes admettre que tous les temps sont contenus dans l'éternité et s'y meuvent, il est impossible de dire ni de penser que l'éternité est contenue dans une durée, si longue soit-elle, de la même façon que l'on peut certes dire et penser que l'espace le plus grand, du moment qu'il est encore fini, est à coup sûr contenu dans l'espace infini, mais non ce dernier en lui. Ainsi donc, si le Saint-Esprit était véritablement, à l'instar des autres créatures, issu du Père et du Fils comme une personne existant en soi, il serait à l'évidence un dieu temporel et non éternel! Et, comme tout ce qui est temporel, un tel dieu pourrait donc un jour cesser d'exister! Mais alors, qui donnerait aux hommes et aux anges une existence éternelle?! Afin de mieux vous éclairer sur cette question tout à fait essentielle, nous allons poursuivre plus avant, aussi, écoutez-Moi bien. »
(Le Seigneur :) « Si le Fils était de toute éternité, comment a-t-Il pu être conçu? Et si le Saint-Esprit était de toute éternité, comment peut-il être issu du Père et du Fils, donc avoir une origine? Si, selon votre entendement, les trois personnes divines que vous critiquez, et dont la postérité pourrait bien faire trois dieux, sont toutes trois éternelles, donc sans commencement, aucune n'a pu être à l'origine de l'existence d'une autre!
En tant qu'homme à présent incarné devant vous, Je suis le Fils, mais n'ai jamais été conçu par un autre que Moi-même et suis donc Mon propre Père de toute éternité. Où le Père pourrait-Il être, si ce n'est dans le Fils, et où serait le Fils, si ce n'est dans le Père, donc un seul Dieu et Père en une seule personne?
Ce corps qui est le Mien est donc la forme glorifiée du Père, afin que Je sois pour les hommes et les anges un Dieu visible qu'ils peuvent contempler, et c'est ainsi que vous pouvez à présent Me voir, M'entendre et Me parler sans cesser de vivre! Car jusqu'ici, il était dit que nul ne pouvait voir Dieu et vivre. Et Je suis tout entier Dieu: en Moi est le Père, et la force issue de Moi selon Mon amour, Ma sagesse et Ma volonté toute-puissante, cette force qui emplit l'infini tout entier et est partout à l’œuvre, c'est le Saint-Esprit.
Tel que vous Me voyez à présent, homme-Dieu parmi vous, Je suis assurément avec vous tout entier et sans partage dans Mon être originel, ici, dans cette salle à manger du mont des Oliviers, et c'est pourquoi, en tant que vrai Dieu et homme à la fois, Je ne suis nulle part ailleurs sur cette terre, encore moins sur une autre: mais, à travers la force issue de Moi qu'est le Saint-Esprit, J'emplis activement tous les cieux et tout l'espace infini des mondes matériels. J'y vois toutes les choses des plus grandes aux plus petites, connais tout, sais tout, ordonne tout, crée et gouverne tout.
Maintenant que vous avez appris cela de Ma bouche, vous comprenez aussi, sans doute, pourquoi vous devez fortifier au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, par l'imposition des mains, ceux qui croiront en Moi et se conformeront à Ma doctrine que vous leur aurez annoncée.
Et si vous comprenez cela, vous comprendrez aussi que, si vous les instruisez correctement et en toute vérité, les gens ne passeront pas si aisément de ces trois qualificatifs à l'idée d'un Dieu en trois personnes substantielles. Mais Je ne vous en recommande pas moins instamment de répandre partout une lumière de vérité authentique: car lorsqu'elle fera défaut, les hommes ne tarderont pas à faiblir et à tomber dans toutes sortes de fausses doctrines, et il sera difficile ensuite de les ramener sur le chemin de la vérité.
Cependant, malgré votre loyauté, vous ne pourrez empêcher que de faux maîtres et de faux prophètes ne se lèvent et ne séduisent bien des hommes, mais cela ne vous sera pas imputé à faute, pas plus qu'un paysan n'est fautif si, après qu'il a semé du bon grain dans son champ, son ennemi vient nuitamment y semer l'ivraie et que celle-ci prolifère ensuite, altérant la bonne récolte.
Mon vœu le plus cher est certes que tous les hommes de cette terre s'engagent sur le chemin lumineux de la vérité et puissent ainsi marcher vers la vie éternelle: mais comme Ma toute-puissance, pour les raisons que vous savez déjà, ne doit pas intervenir en cela, tout homme est absolument libre de croire et de faire ce qu'il veut.
Quant à vous, lorsque vous propagerez Ma doctrine, vous ferez pour le mieux en travaillant à la fois la raison et les sentiments des hommes. Car lorsqu'on a atteint la raison et les sentiments, la bonne volonté vivifie la foi et la rend agissante: mais si tant la raison que les sentiments ne sont pas assez éclairés, la foi n'est que l'acceptation stupide et aveugle de ce qu'on a appris de quelque autorité. Et une telle foi ne vaut autant dire rien : faute de stimuler le sentiment, elle n'incite pas à l'action volontaire, celle qui réjouit le cœur, et cette foi qui ne donne pas d’œuvres libres et n'est pas source de joie est donc stérile et morte.
Or, les œuvres que l'homme accomplit sous une contrainte extérieure n'ont aucune valeur pour l'âme, puisque, loin de la vivifier, elles l'accablent, et qu'au lieu d'agir de son plein gré et dans la joie, par conviction intime, l'homme ne le fait que par crainte du châtiment, en cachant son secret dépit, sa colère et sa rancune.
Et quand Je vous dis que vous devez être aussi parfaits dans la connaissance et le pur amour que l'est votre Père au ciel, vos disciples doivent l'être eux aussi. C'est pourquoi Je vous dis encore : examinez tout, et ne gardez que ce qui est bon et vrai.
Et ce que Je vous conseille d'observer vous-mêmes, conseillez-le à vos futurs disciples. Je pourrais certes exiger de vous que vous croyiez sans autre explication ce que Je vous dis et vous conseille, car les signes que J'ai accomplis sous vos yeux M'ont conféré une autorité qui vous force à Me croire mais cette croyance forcée n'éclaire pas l'âme intérieurement et ne l'incite pas à agir dans la joie.
Vous en témoignez par vos incessantes questions, qui montrent clairement que la foi aveugle vous apporte trop peu de lumière et que seules Mes explications comblent ce manque en vous. Et si, après tous Mes signes et Mes enseignements, vous demandez toujours de nouvelles explications qui vous font le plus grand bien, vos disciples vous en demanderont aussi, et vous ne devrez pas en être avares si vous voulez éviter autant que possible la venue de faux prophètes!
Vous donnerez vous aussi des signes, mais les faux prophètes vous imiteront par toutes sortes de tromperies, aussi vos signes seront-ils une preuve toujours plus mince de l'authenticité de vos enseignements: mais ce que vous imprimerez dans l'esprit et le cœur des gens par des paroles lumineuses, oui, cela restera à jamais comme preuve vivante et indestructible de la vérité de Ma doctrine céleste, et seule cette claire appréhension de la vérité vous rendra parfaitement libres, vous et vos disciples. - Je vous ai encore une fois révélé bien des choses dites-Moi donc si vous avez bien saisi cela aussi. » Ils répondirent tous : « Oui, Seigneur et Maître, nous avons bien compris: car, une fois de plus, Tu nous as parlé en toute franchise. »
Quelques jours auparavant, dans la même auberge de Lazare au Mont des Oliviers, le Seigneur donnait les explications suivantes:( Grand Évangile de Jean_6 , chap.228, 19-23 et chaps.229 et 230)
Car celui qui ne connaît pas vraiment Dieu ne saurait y croire tout à fait, encore moins L'aimer par-dessus tout et donc recevoir sa pleine part de l'esprit de Dieu. Car, à cause du libre arbitre des hommes, la méconnaissance de Dieu entraîne à la longue toutes sortes d'égarements qui se multiplient comme une hydre à mille têtes, rendent les hommes idolâtres et leur ferment les portes de la vraie vie éternelle, si bien qu'ils entreront difficilement dans le royaume des âmes de l'au-delà; car ce qu'une âme peut faire ici-bas en un jour pour son perfectionnement, elle ne pourra souvent pas même le faire, dans l'au-delà, en plusieurs milliers d'années terrestres. Mes anciens disciples ont déjà une vaste connaissance de Dieu; mais vous, nouveaux disciples, pas encore, et c'est pourquoi Je veux vous fortifier en cela. »
Tous dirent : « Fais-le, Seigneur, et ne nous cache rien; car nous en avons soif, telle l'herbe desséchée de la pluie vivifiante! »
Les Romains dirent à leur tour : « Et nous aussi, d'autant plus que nous sommes encore tout à fait novices dans cette connaissance, la plus essentielle de toutes! »
Et Pierre dit : « Pour nous aussi, anciens disciples, cela sera d'un grand profit; car nous sommes nous-mêmes bien loin d'être assez affermis! »
Je lui dis : «Qu'est-ce donc qui vous trouble encore? »
Pierre dit: « Quand Tu fus baptisé par Jean dans le Jourdain, les cieux s'ouvrirent, l'esprit de Dieu vint au-dessus de Ta tête sous la forme d'une colombe de feu, et l'on entendit clairement ces paroles venues des cieux: "Celui-ci est Mon fils bien-aimé, qui a toute Ma faveur; écoutez-Le!" Et j'ai entendu en une autre occasion exactement les mêmes paroles, mais en vérité, jusqu'à ce jour, nous n'avions encore jamais osé Te prier de nous les expliquer davantage. Mais puisque Tu veux maintenant Toi-même nous donner une connaissance plus exacte de Dieu, le moment est peut-être venu de nous éclairer là-dessus, bien sûr si cela est Ton bon plaisir divin.
Car, jusqu'à présent, Tu n'es pour nous que le vrai Fils du Très-Haut, et nous avons appris de la bouche même de la mère de Ton corps comment l'archange Gabriel lui est apparu et lui a dit : "Salut à toi, qui as trouvé grâce devant Dieu. L'Esprit-Saint viendra sur toi et te couvrira de son ombre, et tu engendreras un fils, que tu appelleras Fils du Très-Haut."
Vois-Tu, Seigneur, sachant cela et bien d'autres choses encore, nous ne
pouvons nous empêcher de considérer qu'il y a au ciel un Dieu tout-puissant qui est le Père. Tu es Son Fils, cela est incontestable, et l'Esprit-Saint, qui est assurément Dieu aussi bien que le Père et Toi, est à l'évidence une troisième chose! — Avons-nous tort de définir ainsi notre croyance? »
Je dis : « L'heure n'est certes pas tout à fait venue de vous dévoiler pleinement cela; mais elle ne tardera plus guère. Et ne vous ai-Je pas déjà plusieurs fois répondu, quand vous Me demandiez de vous montrer le Père: celui qui Me voit, voit aussi Mon Père, car Mon Père et Moi ne faisons qu'un. Je suis dans le Père comme le Père est en Moi. — Comment donc avez-vous compris cela? »
Pierre dit: « Nous avons compris cela, comme l'autre chose, de cette manière: toute la force du Père est en Toi chaque fois que Tu en as besoin sur cette terre, et c'est ainsi que le Père éternel et infini est en Toi. Tu es à Sa ressemblance parfaite. Mais puisque le Père, qui est le Dieu infini, éternel et omniprésent, T'entoure Toi aussi, et plus que tout autre, Tu es nécessairement Toi aussi dans le Père! » Je dis : « Fort bien, et qu'en est-il alors de l'Esprit-Saint ? Comment le considérez-vous? »
Pierre dit : « Seigneur, nous ne savons qu'en faire, bien que Tu aies Toi-même dit que tous les péchés pouvaient être pardonnés à l'homme, sauf un péché contre l'Esprit-Saint! Cependant, Tu ne saurais être Toi-même l'Esprit-Saint, puisque Tu as dit que les péchés contre le Fils pouvaient être remis. Ce n'est pas le Père non plus, puisque les péchés contre le Père peuvent être remis plus facilement encore. Alors, qui est, qu'est-ce que l'Esprit-Saint? Nous l'avons vu sous la forme d'une colombe de feu. Est-il une troisième personne divine demeurée cachée à tous les hommes depuis Adam, ou ne fait-il qu'un avec le Père, ou avec Toi? Il ne saurait pourtant être plus saint que le Père et que Toi! Et pourtant, Tu as dit que les péchés contre l'Esprit-Saint ne seraient jamais remis! Il faut donc à l'évidence que, sans que nous le sachions encore, il soit la chose la plus sacrée de tous les cieux.
Tu vois par là que même nous, Tes premiers disciples, il s'en faut de beaucoup que nous connaissions Dieu parfaitement, et c'est pourquoi nous avons toute raison de nous réjouir que Tu veuilles nous amener à une connaissance de Dieu plus parfaite encore.
Il est dit très strictement dans Moïse : Moi seul, Jéhovah, Je suis votre Dieu unique, et vous n'aurez pas d'autres dieux que Moi. — Et à présent, selon notre compréhension limitée, nous en aurions trois, et nous devrions pourtant ne croire qu'en un seul! Ô Seigneur, nous avons grand besoin d'être éclairés davantage à ce sujet, car aucun d'entre nous n'y voit encore tout à fait clair! »
Je dis : « Vous ne devez croire qu'en Un seul, parce qu'il n'y en a jamais eu et qu'il n'y en aura jamais plusieurs dans toute l'éternité!
Mais la mémoire n'est pas précisément votre fort, pour que vous M'interrogiez encore sur des choses que Je vous ai pourtant bien assez souvent expliquées en des occasions propices! Et pourtant, vous ne comprenez toujours pas l'essentiel; car, comme Je l'ai dit, la parfaite connaissance de Dieu est la chose la plus essentielle de la vie, parce que, sans elle, il n'y aurait pas de vie véritable, mais seulement une vie mécanique confuse, et c'est pourquoi Je vous ai très tôt expliqué ce qu'était Dieu — mais votre mémoire est brève et fragile! »
Les disciples dirent : « Alors, Seigneur, fortifie notre mémoire! »
Je dis : « Dites plutôt : "Seigneur, fortifie notre chair et notre volonté !" Car la force du souvenir dépend toujours de celle de la volonté. Il est vrai que votre âme est de bonne volonté ; mais votre chair est faible, donc aussi votre mémoire, et celle-ci ne sera donc fortifiée que lorsque J'aurai fait descendre sur vous l'Esprit-Saint. — Mais à présent, écoutez-Moi avec la plus grande attention. »
(Le Seigneur :) « Tout ce que vous allez entendre, gardez-le cependant pour vous pour le moment, et ne Me dévoilez pas avant Mon heure. Quand cette heure viendra, vous le saurez en vous-mêmes par Mon esprit, qui est en vérité l'Esprit-Saint.
Le Père, Moi, le Fils, et le Saint-Esprit, nous sommes de toute éternité les
aspects distincts d'une seule et même chose.
Le Père en Moi est l'amour éternel et, en tant que tel, l'origine et à proprement parler la substance première de tout ce dont l'infini tout entier est empli.
En tant que Fils, Je suis la lumière et la sagesse nées du feu de l'amour éternel. Cette puissante lumière est Dieu dans Sa parfaite conscience de soi éternelle et Sa très lucide connaissance de soi, et elle est en Dieu le Verbe éternel par quoi tout ce qui existe a été créé.
Mais pour que tout cela ait pu être créé, il faut encore la toute-puissante volonté de Dieu, et c'est cela qui, en Dieu, est le Saint-Esprit par qui les œuvres et les êtres viennent à exister pleinement. Le Saint-Esprit est l'expression de la parole "Sois !" — et ce qu'ont décidé l'amour et la sagesse en Dieu existe.
Et, voyez-vous, tout cela est à présent en Moi : l'amour, la sagesse et la toute-puissance! C'est ainsi qu'il n'y a qu'un seul Dieu, et Je suis cela, et ne Me suis incarné ici-bas que pour mieux Me révéler à vous personnellement — comme Je le fais à présent —, à vous, hommes de cette terre que J'ai créés à Ma parfaite ressemblance et tirés de la substance de Mon amour.
Et, à Ma ressemblance, vous avez en vous cette même trinité, comme Je vais vous le prouver clairement à l'instant.
Tout homme a en lui un amour, et par suite une volonté ; car l'amour est lui-même désir et exigence, et c'est dans ce désir et cette exigence que réside la volonté. Et cette qualité appartient également aux plantes et aux animaux, et même, en un certain sens, à toute la matière.
Même le plus brutal et le moins éduqué des hommes a un amour et une volonté. Mais qu'en fait-il? Il ne cherche qu'à satisfaire ses besoins les plus vils et les plus matériels, qui passent instinctivement de son amour grossier à sa volonté, sans que sa raison le perçoive autrement que d'une manière vague et obscure. Considérez les actes de tels hommes: ne sont-ils pas bien pires que ceux des animaux, dont l'amour et les désirs sont guidés par une influence supérieure?
Mais il en va tout autrement de l'amour et de sa volonté lorsque la raison devient pour l'homme une claire lumière ; alors, elle illumine l'amour, la volonté, et par là l'homme tout entier. Alors seulement, l'amour donne à la volonté les moyens purs, ordonnés par la lumière ou sagesse, qu'elle appliquera. Et si
l'homme, à l'image de Dieu, a en lui cette faculté, est-il pour autant constitué de trois hommes au lieu d'un seul? » Tous, et spécialement les anciens disciples, répondirent : « Nous Te rendons grâce, ô Seigneur, de nous parler à nouveau avec tant de clarté ; car ce n'est pas toujours Ta manière de parler et d'enseigner. Nous savons désormais ce qu'il en est de la parfaite unicité de Dieu, et, comme nous l'avions bien souvent pensé, Tu es donc tout à fait Dieu. »
On note qu'ici le Seigneur se dit Fils de Dieu en tant que Lumière ou Sagesse en Dieu, alors qu'à d'autres endroits, par le mot Fils on comprend Jésus en tant qu'homme terrestre. Les deux sens ne sont pas contradictoires, puisque Dieu s'est incarné dans ce Fils qui, depuis le baptême de Jean, est déjà uni à Dieu dans son âme, et le sera aussi quant au corps par la Passion de la croix.
Mais les disciples ont encore une question ( chap.231 du même volume)
(Les disciples :) « Seigneur, une seule question encore, et tout sera à peu près
en ordre!
Voici : en plus de toutes Ses autres qualités, Dieu est infini, donc omniprésent. Comment cela T'est-il donc possible, puisque Tu Te trouves en même temps
corporellement parmi nous, dans une personne strictement limitée? »
Je dis: « Vous qui êtes Mes premiers disciples, cela témoigne encore une fois de votre manque de mémoire! Ne vous souvenez-vous pas de M'avoir posé presque la même question, quand, de Samarie, nous revenions en Galilée? Et n'ai-Je pas fait avec le soleil un signe qui vous a montré que Je pouvais être présent tout à la fois dans le soleil et sur cette terre? Et à présent, vous Me demandez presque exactement la même chose! Je vous l'ai également montré
près de Césarée de Philippe, chez l'aubergiste Matthias de Capharnaüm, quand J'ai comblé en un instant l'immense cavité qui s'était effondrée, et à Chotinodora avec le lac idolâtre? Et vous ne comprenez toujours pas le mystère du royaume de Dieu, et encore moins le mystère de Dieu?!
N'est-ce pas Ma volonté, embrasée par l'amour éternel et illuminée par la flamme de sa lumière, la sagesse de Dieu, qui est précisément ce Saint-Esprit pour vous si incompréhensible, qui, rayonnant sans cesse de Moi, emplit l'infini tout entier?! Et c'est par ce Moi, par ce "Je Suis" qui est Moi-même, donc par Mon être et Ma présence, que Je suis ainsi présent partout, tout comme Je suis à présent parmi vous sans intermédiaire dans Mon être véritable! Je vous l'ai déjà montré clairement à plusieurs reprises, à vous, Mes premiers disciples et Mes frères, et pourtant, vous l'avez oublié ; mais peut-être vous en souviendrez-vous cette fois?
Je ne serai pas toujours ainsi parmi vous, avec tout Mon être essentiel; et pourtant, Je demeurerai avec vous, identique à Moi-même, jusqu'à la fin des temps de cette terre, du moins avec tous ceux qui suivront fidèlement Ma parole dans leur vie et dans leurs œuvres.
Car, lorsque Mon heure sera venue, Je quitterai par la souffrance et les plus grandes humiliations cette humanité qui est encore la Mienne pour retourner à
Ma divinité première et remonter vers Mon Dieu, qui est en Moi, et votre Dieu, qui est à présent avec vous et vous enseigne de Sa bouche. »
Et dans le même chapitre, la question de l'apôtre Thomas, et la réponse Du Seigneur:
Thomas, qui était celui qui croyait le plus difficilement, dit enfin: «Seigneur, pourquoi donc avons-nous vu le Saint-Esprit sous la forme d'une colombe de feu, et pourquoi avons-nous entendu la voix du Père venant des cieux ouverts? » Je dis: «Je savais que tu aurais encore une question à Me poser, et, venant de toi, Je ne la prends certes pas mal; car tu es de ceux qui ne questionnent que fort rarement.
Pour vos sens limités, le symbole de la colombe désigne d'une part la grande douceur, d'autre part la grande facilité à voler de Ma volonté, qui est le véritable Esprit-Saint; car là où Je veux agir par Ma volonté, Je suis présent et J'agis, si infiniment loin que ce soit.
Quant à la voix qui semblait venir du haut des cieux, c'est encore Mon esprit qui faisait cela, et l'amour issu de Moi l'emplissant tout entier, aussi intimement lié à Ma volonté en tout lieu qu'en Moi-même. Si la voix vous semblait venir des
cieux, c'était afin de vous montrer et de vous enseigner que tout ce qui est vrai et d'une bonté divine vient avant tout d'en haut, de même que l'homme ne devient foncièrement bon que lorsque sa raison illuminée par Dieu illumine son cœur et l'élève véritablement.
Et c'est seulement quand le cœur est illuminé et enflammé d'un véritable
amour que tout devient parfaitement clair et vivant en l'homme. Alors, ton amour aussi se mettra à parler et te dira : "La lumière en moi est mon cher fils qui a
toute ma faveur, et vous — c'est-à-dire tous mes souhaits, mes désirs et mes passions —, écoutez-le!" — Qu'en dis-tu, Mon disciple? N'en est-il pas ainsi? »
C'est ce que révèle Swedenborg dans le chapitre III de son ouvrage La Vraie Religion Chrétienne:
Par l'Église Apostolique est entendue non-seulement l'Église qui était dans divers lieux au temps des Apôtres, mais aussi deux ou trois siècles après ce temps : mais enfin on commença à arracher de ses gonds la porte du Temple, et à s'élancer comme des voleurs dans le Sanctuaire ; par le Temple il est entendu l'Église, par la Porte le Seigneur Dieu Rédempteur, et par le Sanctuaire sa Divinité ; car Jésus dit: « En vérité, je vous dis, celui qui n'entre pas par la Porte dans la Bergerie,mais QUI MONTE PAR UN AUTRE ENDROIT, est un voleur et un larron; Moi je suis la Porte, par Moi si quelqu'un entre, il sera sauvé. » Cet attentat a été commis par Arius et par ses sectateurs; c'est pourquoi un concile fut convoqué par Constantin le Grand à Nicée, ville de Bithynie ; et là, afin de rejeter l'hérésie pernicieuse d'Arius, il fut imaginé, conclu et sanctionné par ceux qui avaient été convoqués, qu'il y avait de toute éternité Trois Personnes Divines, le Père, le Fils et l'Esprit-Saint, dans chacune desquelles il y avait par soi et en soi la personnalité, l'existence et la subsistance ; que la seconde Personne, ou le Fils, est descendu, a pris l'Humain et a fait la Rédemption ; que par suite la Divinité est unie à son Humain par Union hypostatique, et que par cette union il avait une étroite affinité avec Dieu le Père. Depuis ce temps une foule d'hérésies abominables sur Dieu et sur la Personne du Christ commença à sortir de terre, et des Antéchrists se mirent à lever la tête, et à diviser Dieu en trois, et le Seigneur Sauveur en deux, et ainsi à détruire le Temple que le Seigneur avait élevé par les Apôtres, et cela jusqu'à ce qu'il n'y restât pierre sur pierre qui ne fût renversée, selon ses propres paroles, - Matth. XXIV, 2, - où par le Temple il est entendu non seulement le Temple de Jérusalem, mais aussi l'Église, de la consommation ou de la fin de laquelle il s'agit dans tout ce Chapitre. Mais quelle autre chose pouvait-on attendre de ce Concile et des suivants, qui ont pareillement divisé la Divinité en trois parties, et ont placé Dieu incarné au-dessous d'eux sur le marchepied de leurs pieds? Car ils ont séparé la Tête de l'Église de son Corps, par cela qu'ils ont montés par un autre endroit c'est-à-dire, parce qu'ils ont passé par-dessus Dieu incarné, et sont montés vers Dieu le Père comme vers un autre Dieu, seulement avec le petit mot de Mérite du Christ à la bouche, pour qu'il eût pitié à cause de ce Mérite, et qu'ainsi la Justification influât immédiatement avec tout son cortège, savoir, avec la rémission des péchés, la rénovation, la sanctification, la régénération, et la salvation, et cela sans rien de médiat de la part de l'homme.(n°174)
Que l'Église Apostolique n'ait pas su la moindre chose de Trinité des Personnes, ou des trois Personnes de toute éternité, on le voit clairement par le SYMBOLE de cette Église, appelé SYMBOLE DES APÔTRES, où sont ces paroles : « Je crois en Dieu, le Père Tout-Puissant, Créateur du Ciel et de la Terre : et en Jésus-Christ, son Fils unique, notre, Seigneur, qui a été conçu de l'Esprit Saint, est né de la Vierge Marie, et en l'Esprit-Saint : » là, il n'est fait aucune mention d'un Fils de toute éternité, mais il est parlé d'un Fils conçu de l'Esprit-Saint et né de la Vierge Marie; on savait d'après les Apôtres que Jésus-Christ était le vrai Dieu, - I, Jean,.V, 21 ; - qu'en Lui habitait corporellement toute la plénitude de la Divinité, - Coloss. II, 9 ; - que les Apôtres avaient prêché la foi en Lui, - Act. XX, 21 et qu'à Lui appartenait tout pouvoir dans le Ciel et sur la Terre, - Matth. XXVIII, 18.(n°175)
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