Lors d'un voyage à Tyr, Joseph, son fils cadet Jacques et Jésus, âgé de vingt ans environ, rencontrent de nouveau le Gouverneur Cyrénius qui, vingt ans auparavant, avait aidé Joseph et sa famille à fuir en Égypte. Cet épisode des années de jeunesse de Jésus est raconté dans le Grand Évangile de Jean_7, chap.221. Le soir, dans le palais de Cyrénius:
(Le Seigneur :) « Nous mangeâmes et bûmes dans la bonne humeur, et, comme le vin commençait à délier les langues, le conseiller qui avait parlé avec les esprits demanda s'il n'y avait eu jadis qu'un seul premier couple humain ou plusieurs, en différents points et parties de la Terre. Car les esprits ne lui avaient pas expliqué cela, et pourtant, il aurait bien voulu le savoir, la question ayant déjà été soulevée auparavant.
Cyrénius Me demanda si Je voulais bien répondre à cette question du conseiller.
Mais Je dis à Cyrénius: "Je pourrais certes le faire, mais cela ne vous profiterait guère! Ce que les hommes ont besoin de savoir, Moïse l'a très clairement décrit dans sa Genèse, ainsi que dans deux autres livres qui expliquent tout, mais qui, de nos jours, ne sont plus reconnus et sont rejetés comme apocryphes. Ainsi, ceux qui veulent savoir comment les hommes sont apparus sur cette terre n'ont qu'à lire les écrits de Moïse et croire qu'il en fut bien ainsi, et il y trouvera démontré en toute vérité si c'est un seul couple humain qui fut mis sur la Terre, ou bien plusieurs en même temps.
Je puis seulement ajouter à cela que, des hommes appelés à devenir les enfants de Dieu, c'est bien un seul couple, Adam et son épouse Ève, qui fut mis sur la Terre. Et c'est avec eux que le Ciel a commencé l'éducation spirituelle qui sepoursuit jusqu'à ce jour.
Mais il est aussi parfaitement certain que des créatures semblables aux hommes ont existé bien avant Adam, et il en existe encore sur la Terre : mais il y a une très grande différence entre elles et les vrais hommes libres!
Car l'homme véritable peut s'élever par lui-même jusqu'à la parfaite ressemblance de Dieu et reconnaître Dieu et Ses œuvres, les comparer, les juger et en comprendre le but: mais ces hommes-bêtes, en quelque sorte, n'en seront bien sûr, jamais capables.
Que les bêtes aussi soient capables, avec le temps et beaucoup de peine de la part des vrais hommes, de recevoir une sorte d'éducation supérieure, vous en avez tous fait l'expérience avec vos animaux domestiques. Et les hommes obtiendraient davantage des bêtes si, tels les patriarches dans leur simplicité, ils étaient véritablement en relation avec leur esprit de l'au-delà venu du cœur de Dieu.
Cependant, il existe encore au plus profond de l'Égypte des hommes encore semblables aux patriarches. Ils sont encore maîtres de la nature, qui doit les servir selon leur volonté. Mais, pour devenir ainsi, l'homme véritable doit non pas subordonner son âme à la nature, mais se mettre en esprit au-dessus de toute la nature matérielle et charnelle. Car le jugement, l'impuissance et la mort sont dans la nature de toute matière, tandis que la liberté éternelle, la vraie vie et toute la force sont dans le seul esprit. Et Je vous ai prouvé tout à l'heure, au bord de la mer, qu'il en est bien ainsi.
Aussi, efforcez-vous d'unir votre âme à l'esprit - et il vous guidera ensuite de lui-même vers la sagesse en toute chose: mais, sans l'esprit, vous balancerez toujours entre la lumière et les ténèbres, entre la vie et la mort, entre la liberté et le jugement!
Quant à unir à l'esprit divin son âme créée, l'homme y parvient en croyant avec force à l'unique vrai Dieu, en L'aimant par-dessus tout et son prochain comme lui-même. Celui qui sait et pratique cela fera bientôt l'expérience en lui-même qu'il en est bien comme Je viens de vous le dire en toute vérité! "
Et, comme ces paroles les avaient satisfaits, ils ne posèrent plus de questions sur les origines du genre humain sur cette terre. »
Cyrénius est présent par deux fois dans la première année du ministère de Jésus. Ici, chez Marc, un ancien compagnon d'armes, près de Césarée de Philippe. Il critique la Genèse. Le Seigneur lui répond: ( Grand Évangile de Jean_4, chap.162)
Je dis: « Ta remarque sur Moïse n'est pas si mauvaise, mesurée à l'aune de l'intelligence purement terrestre; mais si on le juge par l'intelligence de l'esprit, Moïse devient tout autre que ce qu'il t'en semble selon le texte. En outre, même selon le texte, la première version n'est pas si différente que tu le crois de la seconde; car la seconde est bien davantage un commentaire de la première et
décrit plus précisément — bien que par des correspondances purement spirituelles — la manière dont s'est déroulée la genèse de l'homme.
Je vous ai déjà montré cette nuit, dans la mesure de ce qui vous est nécessaire pour le moment, comment il faut comprendre la formation naturelle des êtres. Mathaël, qui est très familier de la science des correspondances, vous a également appris hier comment il fallait interpréter les écrits de Moïse; et Je dois là encore, Mon cher ami Cyrénius, te faire remarquer que tu as véritablement la mémoire très courte! Il est vrai que Je viens de te la réveiller, et, si tu en as la très ferme volonté, tu dois déjà pouvoir t'y retrouver un peu mieux; pour ce qui est de tes doutes sur la création de l'homme selon Moïse, cependant, Je vais encore remettre en place bien des choses, afin que toi et quelques autres puissiez comprendre ce
que signifie précisément cette histoire.
Voyez-vous, tout ce que dit et veut très précisément dire Moïse dans sa Genèse a trait essentiellement et presque exclusivement à l'éducation et à la formation spirituelle des premiers êtres humains, symbolisés et représentés par le tout premier couple humain.
Par ailleurs, le corps d'Adam a bien été créé et formé, par Ma volonté et selon l'ordonnance établie telle que Je vous l'ai montrée, à partir des éléments éthériques du plus fin limon; et lorsque, par Ma volonté, plein de l'expérience acquise, il eut atteint une force suffisante pour que se constitue autour de lui une sphère de vie extérieure particulièrement intense, et que, fatigué par le labeur et les voyages, il fut tombé dans un profond sommeil, c'est alors qu'il fut temps de faire entrer dans cette sphère de vie extérieure d'Adam une âme naturelle assemblée à partir de tous les échelons de la nature que vous connaissez.
Une fois parvenue dans le monde de la vie extérieure, cette âme se mit aussitôt en devoir de se constituer un corps qui lui correspondît selon Ma volonté et Mon ordonnance, avec les éléments de vie extérieure, pour elle très attrayants, créés par Adam, autrement dit à partir de ce nuage vital très riche qui est le même que se constituent aujourd'hui encore les âmes des défunts lorsqu'elles souhaitent apparaître aux hommes pour quelques instants; et en trois jours, elle en eut terminé avec cette tâche.
Lorsque Adam, là-dessus, s'éveilla, il fut rempli d'étonnement et de joie de voir à son côté un être à son image, qui lui était et ne pouvait naturellement que lui être très attaché, puisque, selon le corps, il était né de sa propre existence.
Il perçut alors dans la région du cœur comme la sensation de quelque chose qui l'oppressait, mais aussi par moments comme un vide — c'était le commencement de l'amour entre les sexes —, et il lui fut désormais impossible de se séparer de cette image pour lui si charmante. Où qu'il allât, la femme le suivait, et où que la femme allât, il ne pouvait davantage la laisser aller-seule. Il sentait la valeur de la femme et son amour, et c'est pourquoi il dit dans un moment de clairvoyance: "Nous, moi l'homme et toi la femme, née de mes côtes (dans la région du cœur) selon le dessein de Dieu, sommes une seule chair et un seul corps ; tu es la partie la plus aimable de mon corps, et il en sera ainsi désormais, et l'homme quittera son père et sa mère (la gravité de l'homme et ses soucis) et s'attachera à son épouse!"
Mais lorsqu'il est dit que Dieu recouvrit de chair la partie d'Adam où il avait pris la côte, J'espère qu'aucun d'entre vous ne sera assez stupide pour supposer que Dieu a véritablement blessé Adam pour le priver d'une de ses côtes, et pour faire de cette petite côte une grande femme. Les côtes sont le solide bouclier qui protège extérieurement les tendres organes vitaux intérieurs.
Lorsqu'un David nomme Dieu "forteresse" et "puissant bouclier", cela veut-il dire pour autant que Dieu est vraiment une forteresse bâtie en pierre de taille, ou un grand bouclier d'airain?!
Il en va de même de la côte d'où Ève est censée être née! Cette côte n'est qu'un symbole pour désigner l'objet véritable, qui est la puissance de l'amour en Adam. Moïse a donc employé cette côte dans l'Écriture premièrement parce qu'elle protège la vie et que, étant le bouclier protecteur de la vie, elle représente également celle-ci de façon imagée; mais aussi, deuxièmement, parce qu'une femme bonne, fidèle et aimable doit également être considérée comme une protection, un bouclier et un refuge pour la vie de l'homme, et elle peut donc fort bien être représentée symboliquement comme une côte de l'homme; enfin, troisièmement, l'éther vital extérieur est lui aussi une toute-puissante protection de la vie naturelle de l'âme contenue dans l'homme, protection sans laquelle celui-ci ne saurait vivre plus de quelques instants.
Par ailleurs, Ève est née, du moins pour son tendre corps, du trop-plein de cet éther vital extérieur d'Adam; et comme cet éther vital émane de la région des côtes, du creux de la poitrine, pour environner ensuite l'homme de toute part et jusques assez loin, un Moïse qui maîtrisait parfaitement la langue des symboles a pu fort justement faire naître Ève de la côte d'Adam, et dire ensuite que Dieu recouvre — ou remplace — la blessure d'Adam par la chair d'Éve. Car puisque Ève était précisément devenue la chair d'Adam, étant née de son éther vital extérieur, Dieu a pu combler avec elle le manque dans l'éther vital d'Adam, autrement dit recouvrir l'emplacement de la blessure avec la chair d'Eve, si agréable à Adam, et qui était aussi à proprement parler la chair d'Adam. »
C'est à un autre moment que le Seigneur explique la chute d'Adam et ses conséquences: ( Grand Évangile de Jean_2, chap.224, v.6-11 et chaps.225 et 226)
(Le Seigneur:) «..C'est aussi le cas d'Adam. S'il avait observé le commandement formel, l'humanité, c'est-à-dire l'âme accomplie de l'homme, n'en serait pas venue à souffrir dans cette chair humaine si fragile, si facilement infirme et défectueuse!
Mais la désobéissance à la loi formelle a induit l'homme à faire un vaste détour où il est beaucoup plus difficile et plus long d'atteindre le but!
Tu te dis certainement: "Aïe, comment un simple petit commandement moral, qu'il soit observé ou non, peut-il avoir une pareille influence sur la nature de l'homme? Adam, même sans cette stupide jouissance, aurait été de toute façon l'homme charnel qu'il est devenu en goûtant la pomme, et il aurait de toute façon dû mourir comme meurent tous les hommes."
Tu as raison en partie, mais tu as aussi tort. Goûter une pomme bonne pour la santé ne devrait faire mourir personne, sinon tous les hommes qui mangent des
pommes mourraient. Donc la pomme en elle-même n’y est quasiment pour rien. Mais s'il est interdit pour quelque temps d'y goûter afin que l'âme se consolide, et que l'âme consciente de sa liberté se mette à désobéir à la loi et à la transgresser, elle rompt quelque chose dans l'être, provoquant ainsi une blessure qui reste ouverte et se referme très difficilement, car la cicatrice comprime les vaisseaux des tissus de l'être et le flux vital de l'âme ainsi gêné ne peut plus circuler convenablement, et à l'endroit de cette cicatrice l'âme ressent continuellement une oppression intolérable.
Ainsi, continuellement détournée des soins qui profiteraient à son esprit libre, l'âme met toute ses énergies à effacer la cicatrice. Et cette cicatrice se nomme le monde!
L'âme voudrait bien être débarrassée de cette cicatrice qui la fait souffrir, et cette souffrance, c'est d'être sensible aux préoccupations du monde. Plus l'âme se donne de peine, plus la cicatrice est douloureuse, et plus elle est douloureuse plus elle vous sollicite. Ainsi l'âme finit par ne plus se préoccuper que de sa vieille blessure, c'est-à-dire qu'elle finit par devenir insouciante, ne se préoccupe plus de son esprit, mais est toute à sa blessure. Et c'est ce qu'on nomme le péché originel! »
(Le Seigneur :) « Mais comment une telle chose peut-elle s'hériter? demandera-t-on! Oh! Très facilement, notamment dans la constitution organique de l'âme, car ce qu'elle acquiert une fois lui reste des millénaires si ce n'est pas remis en ordre par l'esprit. Voyez le type d'un peuple. Si je vous décris aujourd'hui la figure de son ancêtre, vous reconnaîtrez bien vite la ressemblance commune avec lui de tous ses descendants! Si l'ancêtre était un homme doux et bon ainsi que sa femme, à peu d'exceptions près, tous ses descendants forment un peuple plus doux et meilleur que si l'ancêtre était un homme colérique, fier et
vindicatif.
Si le trait physique ou moral d'un ancêtre est reconnaissable chez tous ses descendants des millénaires après, à combien plus forte raison l'est aussi un trait
du premier homme de cette terre chez tous ses descendants, et comme son âme était au commencement beaucoup plus sensible et nécessairement beaucoup plus réceptive que les âmes de ses descendants qui reçoivent dès leur conception la marque de leur ancêtre inscrite dans la semence de vie et ineffaçable par les voies naturelles. Ce genre de cicatrice malheureusement défigure l'âme, c'est pourquoi Dieu a mis tout en œuvre par la suite pour que toute âme quelle qu'elle soit puisse par elle-même effacer à jamais cette mauvaise cicatrice. Hélas, jusqu'ici la chose n'a guère réussi et J'ai dû venir Moi-même sur cette terre pour extirper cette vieille cicatrice affreuse.
Et Je l'extirperai, mais cela n'ira pas sans de nombreuses blessures faites à ma chair et vous ne pourrez le comprendre que lorsque cela arrivera et le Saint-Esprit de toute vérité vous guidera alors en toute sagesse.
Vous avez aussi lu dans Moïse comment Jéhovah maudit la terre et comment l'homme dut alors gagner son pain à la sueur de son front sur cette terre couverte
d'épines et de chardons.
Voyez-vous, si vous vouliez comprendre matériellement selon le sens extérieur des mots, vous seriez parfaitement en droit d'accuser Dieu d'incohé
rence. Mais comme cette sentence n'est à prendre qu'au sens spirituel, cette accusation tombe d'elle-même et l'homme n'a plus qu'à s'en prendre à lui-même si sa condition s'est dégradée, de même que les intempéries qui causent de mauvaises récoltes ne dépendent pas que de la volonté de Dieu, mais aussi de celle des hommes.
Lorsqu'une âme est parfaitement consciente d'elle-même et qu'elle est au point de pouvoir utiliser sa raison pour voir et reconnaître en elle-même l'ordonnance divine, il faut qu'elle devienne autonome et s'affermisse, mais selon l'ordonnance divine qu'elle reconnaît exister en elle. Mais si elle néglige un aspect quelconque ou agit même contrairement à cette ordonnance divine, elle se fait à elle-même sur ce point un tort dont elle ne se remettra jamais d'elle-même, parce que toute son activité deviendra plus ou moins désordonnée et finira par engendrer des faiblesses morales telles que l'aveuglement, la bêtise, l'incompréhension, la faiblesse d'esprit, la crainte, le manque de courage, la tristesse, la peur, la colère,
la fureur et enfin le désespoir même.
Voilà les épines, les chardons qui vont croître sur la terre, c'est-à-dire que les capacités de l'intelligence seront amoindries, étouffées comme les branches d'un arbre étouffées par le lierre et le lichen.
La "malédiction de Dieu" représente seulement la compréhension révélée à l'âme qu'elle a causé sa propre perte en allant à l’encontre de l'ordre divin, et que,par sa propre faute, elle devra désormais gagner son pain à la sueur de son front!
De même, la "sueur de son front" est la marque de l'inquiétude qu'elle a provoquée elle-même en jouissant de la pomme mosaïque, alors qu'elle pouvait si facilement l'éviter. »
Le Seigneur: « Et je vous le dis à tous maintenant, vous devez bannir de vous tout souci, car tout souci de ce monde est un lien par lequel l'âme s'attache à la
matière à cause de sa cicatrice adamique. Plus l'âme se lie à la matière de sa chair, plus la formation de l'esprit de Dieu en elle sera douloureuse et plus l'âme par ses soucis se lie au corps qui n'est en soi qu'un jugement, une nécessité fastidieuse et finalement la mort même, et plus elle perd la conscience et la connaissance de la vie éternelle et indestructible qui est en elle. Mais plus l'âme se dégage de ce lien, plus elle devient libre, plus elle est reliée à l'esprit de Dieu en elle; plus sa conscience sera vivante, plus elle aura une claire connaissance de la vie éternelle de l'âme.
Qui craint la mort de son corps est une âme encore totalement attachée à la chair et très peu reliée à l'esprit. L'amour de cette terre est un signe certain que l'âme est encore bien peu préoccupée de la vie éternelle de son esprit, et c'est toujours et encore la faute de cette cicatrice charnelle d'Adam qu'il s'est faite à lui-même et par là à tous ses descendants!
Mais toute âme, si elle le veut vraiment, peut se guérir d'une cicatrice aussi
maligne. Car dès le temps d'Adam Dieu a déjà pris des dispositions sûres pour cela, et Adam lui-même dans ses derniers instants fut presque complètement guéri. Hénoch, lui, s'est complètement guéri, c'est pourquoi il a été enlevé dans sa chair comme quelques autres patriarches de cette terre. Mais comme leurs descendants se sont mélangés aux enfants de pères qui n'étaient pas sauvés, le vieux mal adamique est resté plus ou moins caché au fond de l'être humain et continue à le tourmenter.
De là les douleurs de l'enfantement et toutes ces façons de mourir dans la douleur qu'ont les hommes. La nature humaine qui porte déjà sa flétrissure dans la semence de l'homme et qui se lie d'autant plus à la chair matérielle héritée de la mère doit subir toutes sortes de souffrances à sa naissance, alors que d'autres enfants, comme Isaac et tant d'autres, sont mis au monde sans la moindre souffrance.
Il en est de même pour la mort; les hommes qui tiennent beaucoup à la vie terrestre qui a été tout leur souci, souffrent déjà beaucoup au cours de leur brève existence terrestre, dans leur âme et très vite ensuite dans leur corps, et quand il s'agit de quitter leur corps, ils doivent affronter des souffrances intolérables et partent dans les pires douleurs corporelles qui continuent même après leur mort à torturer leur âme, c'est tout particulièrement le cas de ceux qui se trouvaient si
bien dans leur corps physique. Par contre, les âmes parvenues à la conviction que tous les trésors de cette terre ne leur sont d'aucune utilité, parce que mortels comme leur chair, sont passablement libérées de la vieille cicatrice d'Adam et, comme elles ont trouvé pour leur âme l'atma de Dieu et l'ont cultivé avec tous leurs soins, elles ont pour commencer bien moins à souffrir des maladies du corps.
La vie de leur âme une fois unie avec leur esprit, leur corps prend peu à peu une direction spirituelle et devient de plus en plus insensible aux impressions du monde matériel extérieur, car toute maladie du corps provient généralement des tiraillements d'un lien avec le monde. Bref, le corps est assailli par mille besoins les plus divers de l'âme affamée de vie. S'il ne peut être satisfait par les conditions climatiques ou par mille autres choses, il tombe malade, car tel ou tel lien avec le monde est alors rompu. Le corps souffre alors beaucoup et l'âme avec lui souffre aussi gravement du même mal.
Si l'âme s'est habituée à priver son corps et par là à se passer elle-même du plus grand nombre possible de besoins liés au règne de la mort de ce monde, elle n'aura finalement plus guère de liens mortels avec cette terre et le corps n'aura plus guère à souffrir, il n'aura plus aucune raison de tomber malade, car Je voudrais bien savoir alors par quels maux le corps et l'âme pourraient encore être importunés!
En effet, pour de tels êtres, le corps ne ressent plus la souffrance même s'il est martyrisé ou torturé de la pire des façons.
Voyez ces célèbres jeunes gens dans la fournaise! Ils chantaient avec bonheur et louaient Dieu! Et même si leur corps était dévoré par un puissant mal extérieur, ils ne ressentaient aucune souffrance, car ils étaient libres de tout lien avec le monde bien avant la fournaise et ils étaient un avec leur esprit divin. Une âme ainsi parfaitement unie à son esprit, lorsqu'elle quitte son corps avec lequel elle n'a plus aucun lien matériel profond, et auquel elle n'est plus attachée que par un lien très léger, ne ressent aucune douleur, mais seulement une pure félicité dans tout son être. En quittant son corps, cet être ne perd ni sa conscience, ni la lumière de la vision spirituelle de son âme, ni l'ouïe, ni l'odorat, ni le goût, ni le toucher le plus raffiné, toutes choses que notre ange Raphaël possède.
Mais, comme Je l'ai dit, pour y parvenir, l'homme doit d'abord dégager son
corps du vieux péché adamique, et il n'y a pas d'autre moyen que celui que Je viens de vous indiquer. L'âme doit jeter par-dessus bord les soucis du monde, il n'y a pas d'autre moyen, et lorsque l'homme s'en est débarrassé, tout redevient en lui dans l'ancien ordre divin. Voilà ce qu'on appelle à proprement parler le péché originel, en fait, c'est visiblement la chair qu'on appelle à bon droit le "péché originel" mais, pris au sens purement spirituel, le péché représente les multiples préoccupations de la chair qui détruisent les descendants d'Adam.
Cette cicatrice de l'âme ne peut être extirpée que par ce que Je viens d'indiquer, et par un autre moyen encore qui ne sera donné aux hommes, pour le salut de leur âme, qu'à l'achèvement de Ma mission en ce monde. Jean-Baptiste en a été le précurseur. »
Lémec, qui fut le roi cruel de la grande ville de Hanoc, mais à présent converti à Dieu, est conduit par Hénoc sur les hauteurs où vivent encore Adam et Ève. Ses paroles, à la vue de la hutte d'Adam et l'impression que lui fit le premier couple humain sont rapportées dans le volume 3 de La Maison de Dieu (chapitre 89):
Quelques instants plus tard, nos voyageurs atteignirent la pleine hauteur. Et lorsque Lémec découvrit la hutte d'Adam et celles des enfants de la race originelle, vu que son esprit les lui désigna immédiatement, il tomba sur la face et dit
"O Dieu, Père des plus saint, que ces habitations qui proviennent de Ta main sont sublimes!
Ma maison a été faite d'argile morte et de pierres, donc elle est aussi morte que la matière qui la compose et que ses habitants; mais cette demeure a été construite au moyen d'arbres vivants, ce qui fait qu'elle et ses habitants ont également la Vie en eux! Oh, qu'une telle demeure a une valeur incomparablement plus élevée que toutes celles des citées réunies des profondeurs!"
Lémec se serait encore longtemps extasié de la sorte; mais Hénoc alla vers lui, le releva et lui fit remarquer que le patriarche Adam et la mère Ève sortaient justement de leur cabane, afin d'aller voir sur le point le plus élevé si lui, Hénoc, ainsi que Lémec ne s'approchaient pas d'un endroit quelconque.
Dès que ce dernier aperçut le couple originel, il se sentit pris de faiblesse et fut incapable d'amener un seul mot à ses lèvres, tant il ressentait de vénération à leur égard. Ce ne fut qu'après la première vague d'émotion qu'il put s'écrier
"O Toi, grand Dieu, quelle dignité sacrée, quelle noblesse admirable! Que le premier humain est sublime, lui qui ne fut pas né, mais créé uniquement de Ta main et de la volonté de Ton amour tout-puissant!
Oui, mon très cher frère Hénoc, même si tu n'avais pas attiré mon attention sur lui, il n'aurait pu m'échapper que ce couple est le premier des humains de la terre! Sa grandeur colossale, sa forme des plus parfaites et la blancheur éclatante de sa chevelure en témoignent indubitablement!
Ô frère, j'étais plein d'attente au sujet de ma première impression concernant le patriarche; mais il me faut bien dire que toutes mes espérances sont largement dépassées!"
Et au cours du repas qui suivit (chapitre 90):
..Mais le Lémec des profondeurs était encore trop plein de vénération envers Adam pour pouvoir partager entièrement la joie qui s'était si vite répandue sur ses compagnons.
Adam s'en aperçut aussitôt et lui en demanda la raison.
Lémec lui répondit: "Père, toi le premier humain de la terre! Vois, je n'arrive pas à devenir maître de ma très grande vénération envers toi et tous ceux qui t'entourent en leur qualité de tes premiers enfants!
La seule pensée que tu sois le père de Caïn, dont les enfants et petits-enfants sont déjà tous morts, - et que ton épouse soit la mère de tous les humains qui vivent encore ou sont passés à trépas, emplit mon âme d'un sentiment de vénération qui ne cesse de croître. Et ce sentiment m'empêche d'être insouciant comme les autres, lesquels sont peut-être habitués depuis l'enfance à une telle sublimité, parce qu'ils étaient toujours autour de toi, ô père, ou alors, s'il s'agit de ceux qui viennent du même endroit que moi, parce qu'ils ne sont aucunement capables de l'apprécier dans toute sa sainte profondeur!
C'est pourquoi, pardonne-moi, ô père Adam, et toi de même, respectable mère Ève, si mon état d'âme ne me permet pas de partager la gaieté des autres! - D'autre part, ceux-ci n'ont jamais été des pécheurs envers Dieu et envers toi; mais moi, il y a quelques semaines encore, j'étais un monstre de tous les monstres, incapable de m'amender de par moi-même, et que seule la miséricorde divine a ramené sur le bon chemin.
Vois, c'est là la raison pour laquelle je ne peux me réjouir entièrement à l'instar de mes compagnons qui n'ont jamais péché devant Dieu ou devant toi!"
Ici, Adam interrompit Lémec dans ses justifications et lui dit "Écoute, toi, pauvre fils de mon premier descendant qui fut le malheureux Caïn! Tes propos me plaisent, car ils méritent mon estime et ma considération; en plus, je dois bien avouer que je n'ai encore jamais rien entendu de semblable de la bouche de mes enfants.
Néanmoins, je doit te dire qu'une vénération aussi démesurée envers moi, le père originel des humains de la terre, est quelque peu vaine; en effet, je ne suis pourtant qu'un homme comme les autres! Que je sois né ou créé directement par Dieu ne change en rien les choses; car celui qui grandit dans le ventre de sa mère est tout autant que moi créé par Dieu, aussi bien que je le fus sans passer par une femme.
Chaque habitant des hauteurs sait que tu fus un pécheur; mais nous savons aussi que tu t'es grandement amendé par la grâce de Dieu, et n'ignorons pas que le Seigneur t'a tout pardonné. C'est pourquoi nous t'avons également pardonné pour l'amour de Dieu, et tu peux sans plus être gai et te réjouir avec nous!
Mange donc et bois; sors de ta tristesse, car j'ai encore bien des choses à te montrer!"
Ces paroles ramenèrent notre Lémec à la raison; il commença à se réjouir et put manger et boire.
Le résumé que fit le Seigneur de l'histoire de la vie sur la Terre fut précédé d'un résumé de la vie des premiers hommes:( Grand Évangile de Jean_5, chap.197)
. Je dis: « Mes chers amis, malgré toute votre expérience et vos connaissances, il nous sera difficile de vous faire là-dessus une réponse que vous puissiez comprendre! Car, tout d'abord, cette terre est une planète extrêmement ancienne selon votre notion du temps, et il n'existe aucun nombre capable de vous représenter toutes ses années d'existence.
Cependant, il n'y a guère plus de quatre mille ans qu'on y trouve des hommes tels
que ceux qui occupent à présent le sol terrestre. Et ces premiers vrais hommes qui vécurent alors se divisèrent en deux catégories, selon leur conduite: les enfants de Dieu, dont le cœur et l'âme connaissaient Dieu et Lui demeuraient fidèles, et les enfants du monde, toujours plus oublieux de Dieu et qui ne servaient en toute chose que le monde, comme la plupart des hommes d'aujourd'hui. Ils bâtirent des villes et toutes sortes de temples idolâtres; et, comme aujourd'hui, leur premier dieu était Mammon. Ils vivaient tout comme aujourd'hui, et c'est pourquoi leur vie était tout aussi brève qu'elle l'est à présent.
Mais il en allait tout autrement des enfants de Dieu. Ceux-ci ne vivaient que sur
les montagnes, ne descendaient que fort rarement dans les plaines et vivaient d'une manière fort simple et naturelle. Ils n'avaient ni villes, ni bourgs, ni villages, ni maisons closes de murs, mais seulement des sortes de places proprement enherbées, tout entourées d'arbres vivants. Contre les arbres, ils construisaient une sorte de mur en terre en forme de banquette, qu'ils recouvraient au besoin d'une épaisse couche de mousse remontant contre les troncs, ce qui faisait de ce mur arrondi à la fois une banquette fort confortable et un bon lit pour la nuit.
Leur nourriture se composait principalement de bons fruits toujours mûrs, de toutes sortes de racines savoureuses et de lait. Avec le temps, instruits par des révélations intérieures, ils apprirent bientôt à fabriquer les instruments domestiques nécessaires pour pratiquer l'agriculture, faire de la farine, du bon pain et bien d'autres choses, mais tout cela sans faste — ils se satisfaisaient parfaitement qu'une chose soit utile —, et c'est ainsi qu'ils vécurent pendant près de deux mille ans en toute simplicité, atteignant toujours un âge extraordinairement avancé.
Mais ils se laissèrent peu à peu séduire par le luxe et la grande beauté des enfants du monde, et c'est alors que, pour leur punition, ils furent fréquemment soumis et même asservis par ceux-ci, à l'exception d'un petit nombre qui, jusqu'à Noé et encore par la suite, demeura constamment fidèle à Dieu. Mais ils en furent aussi entièrement changés: ils devinrent moins grands et moins forts, et leur vie, qui pouvait autrefois durer près de mille ans, n'atteignit plus que rarement cent ans.
On sait que tous ces premiers hommes, devenus purement mondains, périrent par leur propre faute au temps de Noé et du Déluge; car le Déluge recouvrit si bien la plus grande partie de la terre alors habitée que les puissants flots poussés par les tempêtes et les ouragans battaient souvent à plusieurs coudées au-dessus des plus hautes montagnes, engloutissant en leur sein toute vie, à l'exception de Noé et de sa petite famille ainsi que des animaux qu'il abritait dans son arche. Avec Noé, comme on le sait, une nouvelle ère commença sur terre.
Voici donc, brièvement mais fidèlement résumée, ce que fut la vie des premiers hommes de cette terre, et cela vous montrera peut-être encore plus clairement que Je vous ai donné un fort bon conseil. »
* * *