Le sens interne des Écritures

Ce fut une des missions de Swedenborg de révéler qu'il y a un sens interne dans l'Écriture Sainte. De 1749 à 1756, il publia en latin, à Londres, les Arcanes Célestes, dans lesquels il expose ce sens pour les deux livres de la Bible que sont la Genèse et l'Exode. Dans la Doctrine de la Nouvelle Jérusalem sur l'Écriture Sainte, il écrit:

On dit généralement que la Parole est de Dieu, qu'elle a été Divinement inspirée, et que par suite elle est Sainte; mais on a toujours ignoré, jusqu'à présent, où réside en elle le Divin; car la Parole, dans la lettre, paraît comme un Écrit vulgaire, d'un style étrange, n'ayant ni la sublimité, ni l'éclat que présentent en apparence les Écrits du siècle. De là vient que l'homme, qui adore la nature au lieu de Dieu, et qui par suite tire ses pensées de lui-même et de son propre, et non du Seigneur par le ciel, peut facilement tomber dans l'erreur au sujet de la Parole, avoir du mépris pour elle, et dire en lui-même quand il la lit: Qu'est-ce que ceci? Qu'est-ce que cela? Est-ce que ceci est Divin? Est-ce que Dieu, dont la Sagesse est infinie, peut parler ainsi? Où est la Sainteté de ce Livre et d'où vient-elle, sinon d'une religiosité et de la persuasion qui en résulte? (n°1)

Mais celui qui pense ainsi ne considère pas que Jéhovah Lui-même, qui est le Dieu du Ciel et de la Terre, a prononcé la Parole par Moïse et par les Prophètes, et que par suite elle ne peut être que le Divin Vrai Même, car ce que Jéhovah prononce Lui-Même est ce Vrai; il ne considère pas non plus que le Seigneur, qui est le même que Jéhovah, a prononcé la Parole contenue dans les Évangélistes, la plus grande partie de sa propre bouche, et le reste d'après l'Esprit de sa bouche, qui est l'Esprit Saint. De là vient qu'il dit Lui-même que dans ses Paroles il y la Vie, qu'il est Lui-même la Lumière qui éclaire et qu'il est la Vérité...(n°2)

C'est pourquoi, afin que l'homme ne puisse douter que la Parole ne soit telle qu'il vient d'être dit, le Seigneur m'en a révélé le Sens interne, qui, dans son Essence, est Spirituel. Ce Sens interne est renfermé dans le Sens externe ou Naturel, comme l'âme dans le corps; il est l'Esprit qui vivifie la lettre; aussi peut-il être un témoignage de la Divinité et de la Sainteté de la Parole, et convaincre même l'homme naturel, s'il veut être convaincu.(n°4)

Dans le Grand Évangile de Jean_4 , chap.161, Cyrénius critique la Genèse de Moïse:

(Cyrénius s'adressant au Seigneur:) « Mais pour ce qui est de Moïse, je ne parviens pas encore, malgré tout cela, à me familiariser vraiment avec lui. Il y a sans doute là une grandeur et une vérité extraordinaires ; mais, hormis Toi-même, qui comprend ce qu'il a écrit?»

Après quelques explications, qu'on trouvera dans la page sur Adam et Ève , Le Seigneur ajoute (chap.163):

(Le Seigneur:) Aussi y a-t-il même quatre façons de lire et de comprendre Moïse, toutes très justes et claires.

Premièrement : selon le simple sens naturel, et l'on y voit alors une évolution nécessaire selon des périodes définies conformes à l'ordonnance divine éternelle et immuable. Les sages selon la nature peuvent en nourrir leur raisonnement et en tirer leurs conclusions, mais celles-ci ne seront jamais que très superficielles; ils pourront ainsi éclairer bien des choses, mais ne seront jamais en terrain sûr.

Deuxièmement : à la fois selon la nature et selon l'esprit. Ce domaine également d'une très grande vérité est le meilleur pour les hommes qui aspirent à plaire à Dieu, car les deux aspects, marchant en quelque sorte main dans la main, se manifestent de façon visible et compréhensible dans l'action et dans la réalité. (Nota bene : c'est dans ce sens qu'a été donné le livre La Maison de Dieu.)

Troisièmement: dans un sens purement spirituel qui ne se préoccupe pas le moins du monde des événements naturels, de leur état et de leurs changements temporels. Il ne s'agit plus alors que de la formation spirituelle des hommes, que Moïse décrit parfaitement par les images naturelles appropriées. C'est le sens que doivent entrendre les sages selon Dieu à qui est confiée la formation spirituelle des hommes.

Enfin, quatrièmement : le sens purement céleste, où le Seigneur est toute chose et où toute chose se rapporte à Lui. Mais vous ne saurez comment il faut entendre cela que lorsque, par la complète renaissance de votre esprit, vous serez un avec Moi, de même que Je suis un avec le Père céleste, avec cependant cette différence que vous serez un avec Moi dans une personne séparée, alors que Je suis avec le Père, Qui est Mon amour, une seule personne inséparable, parfaitement une de toute éternité.

J'espère à présent, cher ami Cyrénius, que tu auras de Moïse meilleure opinion; ou penses-tu encore par hasard que Moïse — que tu sembles tenir Pour une sorte d'aveugle — ne savait pas ce qu'il disait?! »





Quelques exemples

Donnés dans laDoctrine de la Nouvelle Jérusalem sur l'Écriture Sainte:

Dans l'Apocalypse, chap. VI il est dit:

« Que lorsque l'Agneau eut ouvert le Premier sceau du Livre, il sortit un Cheval blanc; que celui qui était monté dessus avait un arc, et qu'il lui fut donné une couronne; que lorsqu'il eut ouvert le Second sceau, il sortit un Cheval roux, et qu'une grande épée fut donnée à celui qui était monté dessus: que lorsqu'il eut ouvert le Troisième sceau, il sortit un Cheval noir, et que celui qui était monté dessus avait une balance en sa main; et que lorsqu'il eut ouvert le Quatrième sceau, il sortit un Cheval pâle, et que celui qui était monté dessus avait nom la Mort. » - (1 à 8.)

La signification de ces choses ne peut être donnée que par le sens spirituel; on en a une notion complète quand on sait ce que signifie l'ouverture des sceaux, le cheval, etc. Ce passage renferme une description des états successifs de l'Église, depuis son commencement jusqu'à sa fin, quant à l'entendement de la Parole. L'ouverture des sceaux du Livre par l'Agneau signifie la manifestation de ces états de l'Église par le Seigneur; le Cheval signifie l'entendement de la Parole; le Cheval blanc l'entendement du vrai d'après la parole dans le premier état de l'Église; l'arc de celui qui est monté sur ce cheval signifie la Doctrine de la charité et de la foi combattant contre les faux; la couronne signifie la vie éternelle, récompense de la victoire; le Cheval roux, signifie l'entendement de la Parole entièrement perdu, quant au bien, dans le second état de l'Église; la grande épée signifie le faux combattant contre le vrai; le Cheval noir l'entendement de la Parole entièrement perdu, quant au vrai, dans le troisième état de l'Église; la balance, l'estimation du vrai si petite qu'elle est presque nulle: le Cheval pâle, signifie l'entendement de la Parole rendu nul, par les maux de la vie et par les faussetés qui en proviennent, dans le quatrième ou dernier état de l'Église; la mort signifie la damnation éternelle. Que ce soit là ce qui est signifié dans le Sens Spirituel, c'est ce qui ne se manifeste pas dans le sens littéral ou naturel; c'est pourquoi, si le Sens Spirituel n'était pas une fois ouvert, la Parole, quant à ce passage et quant à tout le reste dans l'Apocalypse, serait tellement fermée, qu'enfin personne ne saurait où la Sainteté Divine serait cachée. De même personne ne saurait ce qui est signifié par les quatre Chevaux et les quatre Chars qui sortent d'entre deux montagnes d'airain, dans Zacharie, Chap. VI. Vers. 1 à 8.(n°12)

Dans l'Apocalypse, Chap. IX, on lit: « Le cinquième Ange sonna de la trompette, et je vis une Étoile, tombée du Ciel sur la terre, et il lui fut donné la clef du puits de l'abîme. Et elle ouvrit le puits de l'abîme, et il monta du puits comme une fumée d'une grande fournaise, et le soleil et l'air furent obscurcis par la fumée du puits. Et de la fumée sortirent des Sauterelles sur la terre; et il leur fut donné un pouvoir, de même qu'ont un pouvoir les scorpions de la terre. Et ces Sauterelles ressemblaient à des chevaux préparés pour la guerre; et sur leurs têtes, comme des couronnes semblables à de l'or; et leurs faces, comme des faces d'hommes. Et elles avaient des cheveux comme des cheveux de femmes; et leurs dents étaient comme de lions. Et elles avaient des cuirasses comme des cuirasses de fer; et la voix de leurs ailes, comme une voix de chariots à plusieurs chevaux courant en guerre. Et elles avaient des queues semblables à des scorpions, et il y avait des aiguillons à leurs queues; et leur pouvoir (était) de nuire aux hommes pendant cinq mois. Et elles avaient sur elles pour roi l'Ange de l'abîme, lequel a nom, en hébreu, Abaddon, et en grec Apollyon. » - (1, 2, 3,7, 8, 9, 10, 11.)

Nul ne pourrait comprendre ces paroles, si le Sens Spirituel ne lui en avait été révélé, car rien n'y a été dit en vain; tout, jusqu'à la moindre particularité, a sa signification. Il s'agit là de l'état de l'Église, lorsque toutes les connaissances du vrai d'après la Parole ont été entièrement perdues, et que par suite l'homme devenu sensuel se persuade que les faussetés sont des vérités. Par l'étoile tombée du ciel sont signifiées les connaissances du vrai entièrement perdues; par le soleil et l'air obscurcis est signifiée la lumière du vrai devenue obscurité; par les sauterelles, qui sortiront de la fumée du puits, sont signifiés les faux dans les extrêmes, tels qu'ils sont chez ceux qui sont devenus sensuels, et qui voient et jugent tout d'après des illusions; par le scorpion est signifié leur persuasif; les sauterelles, qui apparurent commodes chevaux préparés pour la guerre, signifient leurs raisonnements qui semblent provenir de l'entendement du vrai; les couronnes semblables à de l'or que les sauterelles avaient sur leurs têtes, et leurs faces comme des faces d'hommes, signifient qu'il leur semble être victorieux et sages; leurs cheveux, comme des cheveux de femmes, signifient qu'ils se croient dans l'affection du vrai; leurs dents comme de lions, signifient que les sensuels, qui sont les derniers de l'homme naturel, apparaissent comme ayant la puissance sur toutes choses; leurs cuirasses comme des cuirasses de fer, signifient les argumentations tirées des illusions, par lesquelles ils combattent et ont de la force; la voix de leurs ailes, comme une voix de chariots à plusieurs chevaux courant en guerre, signifie les raisonnements qui semblent fondés sur les vérités de la doctrine tirées de la Parole, pour lesquels on doit combattre; leurs queues semblables à des scorpions signifient les persuasions, les aiguillons à leurs queues signifient les artifices pour tromper par la persuasion; leur pouvoir de nuire aux hommes pendant cinq mois signifie qu'ils produisent de la stupeur chez ceux qui sont dans l'entendement du vrai et dans la perception du bien; elles avaient sur elles pour roi l'ange de l'abîme, lequel a nom Abaddon ou Apollyon, signifie que leurs faux venaient de l'enfer, où habitent ceux qui sont purement naturels et dans la propre intelligence. Tel est le sens spirituel de ces paroles, et rien de ce sens ne se montre dans le sens de la lettre. Il en est de même partout dans l'Apocalypse. Il faut qu'on sache que, dans le sens spirituel, tout se tient par un enchaînement continu que chaque mot du sens littéral ou naturel contribue à former; c'est pourquoi, si le moindre mot était retranché, l'enchaînement serait rompu et la liaison détruite; en conséquence, pour empêcher que cela n'arrivât, il a été ajouté à la fin de ce Livre prophétique, « qu'on ne doit pas en retrancher un mot. » - Apoc. XXII. 19. - Il en est de même des Livres des Prophètes de l'Ancien Testament; et pour que rien n'en fût retranché, il est arrivé, par la Divine Providence du Seigneur, que les Massorètes ont signalé les particularités que renferment ces Livres, jusqu'à en compter les lettres.(n°13)

Le Seigneur, parlant devant ses Disciples de la Consommation du siècle, qui est le dernier temps de l'Église, dit à la fin des prédictions sur ses changements d'état successifs:

« Aussitôt après l'affliction de ces jours, le Soleil sera obscurci, et la Lune ne donnera point sa clarté, et les Étoiles tomberont du Ciel, et les puissances des Cieux seront ébranlées. Et alors apparaîtra le signe du Fils de l'homme dans le Ciel, et alors gémiront toutes les tribus de la terre; et elles verront le Fils de l'homme venir dans les nuées du Ciel avec puissance et beaucoup de gloire. Et il enverra ses Anges avec trompette et voix grande: et ils assembleront ses élus des quatre vents, d'une extrémité des cieux à l'(autre) extrémité. » - Matth., XXIV. 29, 30, 31.

Par ces paroles, dans le sens spirituel, il n'est pas entendu que le Soleil et la Lune s'obscurciraient, ni que les étoiles tomberaient du Ciel, ni que le signe du Seigneur apparaîtrait dans le Ciel, ni qu'on le verrait lui-même dans les nues, et en même temps les Anges avec des trompettes; mais par chacune des paroles de ce passage il est entendu des spirituels qui concernent l'Église, dont l'état final est ici décrit; en effet, dans le sens spirituel, par le Soleil qui sera obscurci, il est entendu le Seigneur quant à l'amour; par la Lune qui ne donnera point sa clarté, le Seigneur quant à la foi; par les Étoiles qui tomberont du Ciel, les connaissances du bien et du vrai qui doivent périr; par le signe du Fils de l'homme dans le Ciel, l'apparition du Divin Vrai; par les tribus de la terre qui gémiront, le manque de tout vrai qui appartient à la foi et de tout bien qui appartient à l'amour; par l'avènement du Fils de l'homme dans les nuées du Ciel avec puissance et gloire, la présence du Seigneur dans la Parole et la révélation; par les nuées, le sens littéral de la Parole, et par la gloire son sens spirituel; par les Anges avec trompette et voix grande, le Ciel d'où vient le Divin Vrai; par assembler les élus des quatre vents d'une extrémité des Cieux à l'autre extrémité, un renouvellement de l'Église quant à l'amour et à la foi. Qu'il ne soit entendu ici ni obscurcissement du soleil et de la lune, ni chute des étoiles sur la terre, on le voit clairement par les Prophètes qui ont dit de semblables choses à propos de l'état de l'Église à la venue du Seigneur dans le monde; ainsi on lit dans Ésaïe:

« Voici, le jour de Jéhovah vient, cruel, et d'emportement de colère; les Étoiles des cieux et leurs astres ne brilleront point, de leur lumière; le Soleil sera obscurci à son lever, et la Lune ne fera point resplendir sa clarté: je châtierai le monde pour sa méchanceté.» - XIII. 9, 10, 11.

Dans Joël: « Il vient, le jour de Jéhovah, jour de ténèbres et d'obscurité; le Soleil et la Lune seront obscurcis, et les Étoiles retireront leur lumière. » - III. 4. IV. 15.

Dans Ézéchiel: « Je couvrirai les Cieux et j'obscurcirai les Étoiles; je couvrirai le Soleil d'une nuée et la Lune ne fera point luire sa lumière; je couvrirai tous les luminaires de lumière et je mettrai des ténèbres sur la terre. » - XXXII. 7. 8.

Par le jour de Jéhovah est entendu l'Avènement du Seigneur; cet Avènement eut lieu quand il n'y eut plus dans l'Église aucun reste de bien, ni de vrai, ni aucune connaissance du Seigneur.(n°14)

On note ici que le sens spirituel de l'Apocalypse a aussi été amplement détaillé par Swedenborg, dans les ouvrages L'Apocalypse Révélée (1766) et L'Apocalypse Expliquée (ouvrage posthume).



Et un exemple pris dans l'Ancien Testament, tiré du livre
Le Ciel et l'Enfer:

« En ce jour-là il y aura un sentier de l'Égypte vers Aschur, et Aschur viendra en Égypte, et l'Égypte en Aschur; et les Égyptiens serviront Aschur. En ce jour-là Israël sera en troisième à l'Égypte et à Aschur, bénédiction au milieu de la terre; que bénira Jéhovah Sébaoth, en disant: Béni (soit) mon peuple, l'Égypte; et l'œuvre de mes mains, Aschur; et mon héritage, Israël.» (Esaïe, XIX. 23,24,25)

Comment pense l'homme et comment pensent les Anges, quand ces paroles sont lues, on peut le voir d'après le sens de la lettre de la Parole, et d'après son sens interne. D'après le sens de la lettre, l'homme pense que les Égyptiens et les Assyriens se tourneront vers Dieu, seront acceptés et feront un avec la Nation Israélite.Mais les Anges, selon le sens interne, pensent à l'homme de l'Église spirituelle, qui est là décrit dans ce sens, et dont le spirituel est signifié par Israël, le naturel par l'Égypte, et le rationnel, qui tient le milieu, par Aschur. Ces deux sens néanmoins ne font qu'un, parce qu'ils corres­pondent; c'est pourquoi, lorsque les Anges pensent ainsi spirituellement, et que l'homme pense ainsi naturellement, ils sont conjoints à peu près comme l'âme et le corps; et même le sens interne de la Parole en est l'âme, et le sens de la lettre en est le corps.Telle est partout la Parole d'où l'on voit qu'elle est le moyen de conjonction du Ciel avec l'homme, et que son sens de la lettre sert de base et de fondement.(n°307)





La Parole a été écrite par des correspondances

Dans le livre Le Ciel et l'Enfer, Swedenborg explique tout d'abord ce que sont les correspondances de l'homme interne ou spirituel avec l'homme externe ou naturel :

On ignore aujourd’hui ce que c’est que la correspondance; il y a plusieurs raisons de cette ignorance; la principale, c’est que l’homme s’est éloigné du Ciel par l’amour de soi et du monde. En effet, celui qui s’aime et aime le monde par-dessus toutes choses, ne considère d’autres objets que les objets du monde, parce qu’ils flattent ses sens externes et sont agréables à ses penchants, et il ne fait aucune attention aux choses spirituelles, parce que celles-ci flattent seulement les sens internes et ne réjouissent que le mental. Aussi les hommes les rejettent-ils loin d’eux, en disant qu’ils sont trop élevés pour être du domaine de la pensée. Les anciens ont agi autrement. La science des correspondances fut pour eux la principale de toutes les sciences. Par elle aussi ils puisèrent l’intelligence et la sagesse, et par elle ceux qui étaient de l’Église eurent communication avec le Ciel. Car la science des correspondances est la science angélique. Les très anciens, qui étaient des hommes célestes, pensaient comme les Anges d’après la correspondance même. Aussi est-ce pour cela qu’ils s’entretenaient avec les Anges, et que le Seigneur se montrait très souvent à eux et les instruisait. Mais aujourd’hui cette science est si complètement perdue qu’on ne sait pas ce que c’est qu’une correspondance.(n°87)

Il sera d’abord dit ce que c’est que la correspondance. Tout le Monde naturel correspond au Monde spirituel, et non seulement le Monde naturel dans le commun, mais encore dans chacune des choses qui le composent. C’est pourquoi chaque chose qui, dans le Monde naturel, existe d’après une chose spirituelle, est dite correspondante.(n°89)

.. (chez l'homme)les intérieurs, qui appartiennent à son mental et se réfèrent à l’intellect et à la volonté, font son monde spirituel. Les extérieurs, qui appartiennent à son corps et se réfèrent aux sens et aux actions du corps, font son monde naturel. C’est pourquoi tout ce qui, dans son monde naturel, c’est-à-dire, dans son corps, dans les sens et les actions du corps, existe d’après son monde spirituel, c’est-à-dire d’après son mental, d’après l’intellect et la volonté, est appelé correspondant.(n°90)

Quelle est la correspondance, on peut le voir dans l’homme d’après son visage. Sur une face qui n’a pas été instruite à dissimuler, toutes les affections du mental se présentent à la vue dans une forme naturelle comme dans leurs traits visibles. C’est pourquoi le visage est appelé le miroir de l’âme, ainsi le monde spirituel de l’homme dans son monde naturel. De même ce qui appartient à l’intellect se manifeste dans le langage, et ce qui appartient à la volonté, dans les gestes du corps. Donc, les choses qui s’opèrent dans le corps, que ce soit sur la face, ou dans le langage, ou dans les gestes, sont appelées des correspondances.(n°91)

Puis les correpondances de toutes les choses du Ciel avec l'homme:

Il a été montré que le Ciel en entier représente un seul homme, que c’est un homme en image, et qu’en conséquence il est appelé le Très Grand Homme. Il a été montré aussi que, par suite, les sociétés angéliques, dont le ciel est composé, ont été disposées comme le sont dans l’homme les membres, les organes et les viscères; qu’ainsi elles sont, les unes dans la tête, les autres dans la poitrine, d’autres dans les bras, et d’autres dans chacune des autres parties. Les sociétés qui sont dans un membre du Très Grand Homme correspondent donc au membre semblable dans l’homme. Par exemple, celles qui y sont dans la tête correspondent à la tête dans l’homme; celles qui y sont dans la poitrine correspondent à la poitrine dans l’homme; et celles qui y sont dans les bras correspondent aux bras dans l’homme; et ainsi des autres. C’est d’après cette correspondance que l’homme subsiste, car l’homme ne subsiste pas autrement que d’après le Ciel.(n°94)

Que le Ciel ait été distingué en deux Royaumes, dont l’un est nommé Royaume céleste, et l’autre, Royaume spirituel, on le voit ci-dessus en son article. Le Royaume céleste en général correspond au cœur, et à tout ce qui dépend du cœur dans tout le corps; et le Royaume spirituel correspond au poumon, et à tout ce qui en dépend dans tout le corps. Le cœur et le poumon constituent aussi deux royaumes dans l’homme. Le cœur y règne par les artères et les veines, et le poumon par les fibres nerveuses et motrices, l’un et l’autre dans chaque impulsion et dans chaque action.En chaque homme, dans son monde spirituel qui est appelé son homme spirituel, il y a aussi deux royaumes, l’un appartient à la volonté, et l’autre à l’intellect. La volonté règne par les affections du Bien, et l’intellect par les affections du Vrai. Ces royaumes correspondent aussi aux royaumes du cœur et du poumon dans le corps. Il en est de même dans les Cieux; le Royaume céleste est le volontaire du Ciel, et là règne le Bien de l’Amour; le Royaume spirituel est l’intellectuel du Ciel et là règne le Vrai. Ce sont ces choses qui correspondent aux fonctions du cœur et du poumon dans l’homme. C’est d’après cette correspondance que le cœur, dans la Parole, signifie la volonté et aussi le Bien de l’Amour, et que la respiration du poumon signifie l’intellect et le Vrai de la foi. C’est aussi de là que les affections son attribuées au cœur, quoiqu’elles n’y soient point et n’en proviennent point.(n°95)

Il y a aussi des correspondances Du Ciel avec chacun des membres, organes et viscères de l'homme. De là vient, par exemple (le pourquoi est dans le n°96):

..que par la tête il est signifié l’intelligence et la sagesse. Par la poitrine, la charité. Par les lombes, l’amour conjugal. Par les bras et les mains, la puissance du Vrai. Par les pieds, le naturel. Par les yeux, l’entendement. Par les narines, la perception. Par les oreilles, l’obéissance. Par les reins, l’examen du Vrai ; et ainsi du reste. C’est de là aussi qu’il est familier à l’homme de dire de celui qui est intelligent et sage, qu’il a de la tête; de celui qui est dans la charité, qu’il est un ami de cœur; de celui qui est dans la perception, qu’il a le nez fin; de celui qui est dans l’intelligence, qu’il a l’œil pénétrant; de celui qui est dans la puissance, qu’il a les bras longs; de celui qui veut avec amour, qu’il veut de cœur; ces locutions, et plusieurs autres que l’homme emploie, existent d’après la correspondance, car de telles expressions viennent du monde spirituel, bien que l’homme ne le sache pas.(n°97)

Mais quoique tout ce qui appartient à l’homme, quant au corps, corresponde à tout ce qui appartient au Ciel, néanmoins l’homme n’est pas l’image du Ciel quant à la forme externe, mais il l’est quant à la forme interne; car les intérieurs de l’homme reçoivent le Ciel, et ses extérieurs reçoivent le monde. Autant donc ses intérieurs reçoivent le Ciel, autant l’homme quant à eux est un Ciel dans la forme la plus petite à l’image du Très Grand. Mais autant ses intérieurs ne le reçoivent point, autant il n’est ni un Ciel ni l’image du Très Grand. Cependant ses extérieurs qui reçoivent le monde, peuvent être en forme selon l’ordre du monde, et par suite dans une beauté variée. Car la beauté externe, qui appartient au corps, tire sa cause des parents et de la formation dans l’utérus, et est ensuite conservée par l’influx commun qui émane du monde: de là résulte que la forme naturelle de l’homme diffère beaucoup de la forme de son homme spirituel. Il m’a quelquefois été montré quel était dans sa forme l’esprit d’un homme, et j’ai vu que dans quelques hommes d’une figure belle et gracieuse, l’esprit était difforme, noir et monstrueux, de sorte qu’on l’aurait pris pour une image de l’Enfer et non du Ciel. Dans d’autres qui étaient sans beauté, l’esprit était beau, blanc et angélique. L’esprit de l’homme, après la mort, apparaît aussi tel qu’il avait été dans le corps, quand il vivait en lui dans le monde.(n°99)

Mais la correspondance ne se borne pas à l'homme. Il y a aussi correspondance des Cieux entre eux (n°100) et aussi toutes les choses de la terre et du monde sont des correspondances (n°103).

Mais connaître les choses spirituelles qui sont dans le Ciel, auxquelles correspondent les choses naturelles qui sont dans le monde, personne aujourd’hui ne le peut, si ce n’est d’après le Ciel, puisque la science des correspondances est aujourd’hui entièrement perdue. Toutefois, je vais, par quelques exemples, mettre en lumière quelle est la correspondance des choses spirituelles avec les naturelles. Les animaux de la terre, en général, correspondent aux affections; ceux qui sont doux et utiles, aux affections bonnes; ceux qui sont sauvages et inutiles, aux affections mauvaises. En particulier, les bœufs et les taureaux correspondent aux affections du mental naturel; les brebis et les agneaux, aux affections du mental spirituel; les volatiles, selon leurs espèces, correspondent aux intellectuels de l’un et de l’autre mental. De là vient que divers animaux, tels que les bœufs, taureaux, béliers, brebis, chèvres, boucs, agneaux mâles et femelles, et aussi les colombes et les tourterelles, avaient été admis pour un usage saint dans l’Église israélite, qui était une Église représentative, et qu’avec ces animaux se faisaient les sacrifices et les holocaustes. Dans cet usage, en effet, ils correspondaient à des choses spirituelles, qui étaient comprises dans le Ciel selon les correspondances. Que les animaux, selon leurs genres et leurs espèces, soient eux-mêmes des affections, c’est parce qu’ils vivent, et que chacun n’a la vie que d’après une affection et selon cette affection; c’est de là que chaque animal a une science innée selon l’affection de sa vie L’homme aussi est semblable aux animaux quant à son homme naturel. C’est pourquoi, même, il est généralement d’usage, dans le langage, de le comparer à des animaux, par exemple, que c’est une brebis ou un agneau, s’il est doux; un ours ou un loup, s’il est féroce; un renard ou un serpent, s’il est astucieux, et ainsi de suite.(n°110)

Il y a une semblable correspondance avec les choses qui sont dans le Règne végétal: un jardin, en général, correspond au Ciel quant à l’intelligence et à la sagesse, c’est pour cela que le Ciel est appelé jardin de Dieu et Paradis, et par l’homme aussi, Paradis céleste. Les arbres, selon leurs espèces, correspondent aux perceptions et aux connaissances du Bien et du Vrai, d’où procèdent l’intelligence et la sagesse; c’est pourquoi les Anciens, qui étaient dans la science des correspondances, avaient leur culte saint dans des bois consacrés. C’est de là que, dans la Parole, si souvent des arbres sont nommés, et que le Ciel, l’Église et l’homme sont comparés à des arbres, au cep, à l’olivier, au cèdre et à d’autres; et que les bonnes œuvres sont comparées à des fruits. Les aliments qui en proviennent, surtout ceux que l’on tire des semences, de la récolte des champs, correspondent aux affections du Bien et du Vrai, par la raison que ces affections nourrissent la vie spirituelle, comme les aliments terrestres nourrissent la vie naturelle. De là, le pain en général correspond à l’affection de tout Bien, parce que le pain, plus que tous les autres aliments, soutient la vie, et parce que, par lui, est entendue toute nourriture. C’est à cause de cette correspondance que le Seigneur se nomme le Pain de Vie. C’est aussi pour la même raison que des pains furent en usage saint dans l’Église israélite, car ils étaient placés sur la table dans le Tabernacle, et appelés Pains des faces. C’est encore pour la même raison que tout le Culte Divin, qui se faisait par des sacrifices et des holocaustes, était nommé Pain. C’est même à cause de cette correspondance que, dans l’Église chrétienne, l’acte le plus saint du Culte est la Sainte Cène, dans laquelle on donne du Pain et du Vin. D’après ce peu d’exemples, on peut voir quelle est la correspondance.(n°111)

C'est pour qu'il y ait conjonction du Ciel avec l'homme que la Parole a été écrite par de pures correspondances (n°114). Aussi contient-elle des représentatifs, qui représentent les correspondances, et les mots de la Parole sont des significatifs qui donnent le sens interne de ce qui est représenté. Soit par exemple ce passage de Exode XXI, 33 et 34, commenté dans les Arcanes Célestes-Chapitre 21 :

«Et quand aura ouvert un homme une fosse», signifie si quelqu'un a reçu d'un autre le faux : on le voit par la signification de la fosse, en ce qu'elle est le faux, N° 4728, 4744, 5038; et par la signification d'ouvrir, lorsqu'il s'agit du faux, en ce que c'est recevoir, ici recevoir d'un autre, parce qu'il est dit ensuite « Ou quand aura creusé un homme une fosse,» ce qui est recevoir de soi-même, ou forger. (n°9084)

«Ou quand aura creusé un homme une fosse», signifie ou si lui-même l'a forgé : on le voit par la signification de la fosse, en ce qu'elle est le faux; et par la signification de creuser, en ce que c'est recevoir de soi-même, ou forger, ainsi qu'il vient d'être dit, N° 9054.(n°9085)

« Et qu'y sera tombé un bœuf ou un âne», signifie qui pervertit le bien ou le vrai dans le naturel: on le voit par la signification de tomber, en ce que c'est pervertir, ainsi qu'il va être expliqué; par la signification du bœuf, en ce qu'il est l'affection du bien dans le naturel, ainsi le bien dans le naturel, n°9065 ; et par la signification de l'âne, en ce qu'il est le vrai dans le naturel, N° 2781, 5492, 5741, 7024, 8078. Que tomber dans une fosse, quand cela est dit du bien et du vrai dans le naturel, qui sont signifiés par le bœuf et par l'âne, ce soit pervertir, cela est évident d'après ce qui est contenu dans le Verset suivant, car il y est question de l'entendement par le vrai, ce qui peut être fait avec les biens et les vrais pervertis, mais non avec les biens et les vrais éteints ; en effet, quand le bien ou le vrai est perverti, il reste néanmoins, mais perversement expliqué; tomber, c'est aussi se laisser aller dans l'erreur. Comme c'est là ce qui a été signifié par tomber dans une fosse, voilà pourquoi il a été dit par le Seigneur : « Qui d'entre vous dont l'âne ou le bœuf tombe dans un puits, ne l'en retire aussitôt le jour du Sabbath? » - Luc, XIV. 5; - cela a été dit par le Seigneur, lorsqu'il eut guérit un hydropique un jour de Sabbath; le jour du Sabbath était très-saint dans cette Église, parce qu'il signifiait le mariage céleste, qui est la conjonction du bien et du vrai procédant du Seigneur,n°8495,8510; de là, les guérisons étaient faites par le Seigneur le jour du Sabbath, car la guérison enveloppait la guérison de la vie spirituelle, et l'hydropisie signifiait la perversion du vrai et du bien; ainsi la guérison de l'hydropique signifiait l'amendement et le rétablissement du vrai perverti; car tous les miracles du Seigneur enveloppaient et signifiaient les états de l'Église, N° 8364, comme en général tous les miracles Divins, N° 7337: de là vient donc que le Seigneur a dit « Qui d'entre vous dont l'âne ou le bœuf tombe dans un puits, ne l'en retire aussitôt le jour du Sabbath? » parole par lesquelles ce qui vient d'être dit était signifié dans le sens spirituel; car tout ce que le Seigneur a prononcé, il l'a prononcé d'après le Divin, et puisque c'est d'après le Divin, il y a dans chaque mot un sens spirituel,n°9049, 9063; là, le puits signifie la même chose que la fosse, savoir, le faux, N° 1688. Et comme la fosse est le faux, c'est aussi pour cela que le Seigneur, en parlant des faux de l'Église, a dit : « Si un aveugle conduit un aveugle, tous deux dans une fosse tomberont. » - Matth. XV, 14; - l'aveugle est celui qui est dans des principes erronés; tomber dans une fosse, c'est pervertir le vrai; ceci a été dit par comparaison, mais toutes les comparaisons dans la Parole ont été tirées des significatifs, N° 3579, 8989. Ceux qui croient que le saint Divin, qui est dans la Parole, n'est point caché plus profondément que dans le sens qui se montre dans la lettre, ne voient le saint, ici et dans les autres passages de la Parole, que d'après la foi que toutes les choses qui y sont ont été divinement inspirées, et que les choses inexplicables y sont des arcanes connus de Dieu seul; tandis que ceux qui ne sont point dans cette foi méprisent la Parole, seulement à cause du style en apparence plus bas que n'est le style qui a été appliqué au génie du monde, tel qu'il est chez la plupart des écrivains anciens et modernes; cependant qu'on sache que le saint Divin est caché dans toutes et dans chacune des expressions de la Parole, mais consiste en ce que toutes et chacune des expressions traitent du Seigneur, de son Royaume et de l'Église; elles sont très-saintes, parce qu'elles sont des Divins procédant du Seigneur, dans lesquels par conséquent il y a la vie éternelle selon les paroles du Seigneur dans Jean: « Les Paroles que Moi je vous prononce sont esprit et sont vie. » - VI. 63; - mais ces Divins très-saints se manifestent devant les anges dans le Ciel, parce que les anges saisissent la Parole non pas naturellement selon le sens littéral, mais spirituellement selon le sens interne; les hommes saisiraient aussi la Parole selon ce sens s'ils vivaient la vie angélique, savoir, la vie de la foi et de l'amour; ce qui est contenu dans le sens interne de la Parole n'est pas non plus autre chose que ce qu'enseigne la doctrine réelle de l'Église; la doctrine réelle de l'Église enseigne le Seigneur, la foi en Lui, l'amour envers Lui, et l'amour du bien qui procède de Lui; cet amour est la charité à l'égard du prochain, N° 6709, 6710, 8123; ceux qui vivent cette vie sont illustrés par le Seigneur, et voient les saints de la Parole; il en est tout autrement pour les autres.(n°9086)



Peut-on apprendre les Correspondances? C'est la question posée par Cornélius, après les explications du Seigneur dans le chapitre 163 du volume 4 du grand Évangile de Jean (chapitre déjà cité plus haut):

Cornélius s'avance alors vers Moi et dit: « Seigneur, avant que le soleil soit complètement levé, me permets-Tu de dire également quelques mots et de poser une question peut-être pas trop anodine, ou plutôt de faire une observation? »

Je dis: « Soit; ce qui t'oppresse doit sortir! »

Cornélius reprend: « Il en va assurément des écrits de Moïse exactement comme Tu nous l'as expliqué avec la plus grande clarté, et nous, les hommes, pourrions sans doute en découvrir le premier, le deuxième et le troisième sens par une réflexion appropriée; car il faut certes qu'il existe une correspondance entre toutes les choses spirituelles et matérielles. Mais, hormis Toi-même, qui peut en avoir la clé?

Ce que Tu viens de nous expliquer, nous le comprenons sans doute à présent; mais, à ma connaissance, Moïse a écrit cinq livres, tous plus ou moins dans le même style et le même esprit. Qui peut les lire, qui peut les comprendre?! Aussi, Te serait-il possible de nous donner pour cela une sorte de méthode très générale? Car, pour ma part, je me consacrerai désormais essentiellement à l'Écriture Sainte des Juifs, que je peux me procurer au Temple dans une très bonne transcription, mais j'aimerais tout de même comprendre ce que j'y lirai.

Je possède parfaitement la langue hébraïque et comprends parfaitement les termes de l'Écriture; mais à quoi bon comprendre le texte littéralement et dans son sens matériel, si je n'en peux pénétrer l'esprit?! Aussi, je T'en prie, ô Seigneur, donne-nous cette méthode, afin que nous comprenions ce que nous lisons! »

Je dis: « Mais, Mon ami Cornelius, il n'existe pour cela ni règle ni méthode dans le monde extérieur; tout ce qui peut te donner une clé pour comprendre l'esprit de l'Écriture, c'est ton propre esprit quand il sera né à nouveau par Moi et par Ma doctrine. Tant que tu n'es pas né à nouveau en esprit, aucune règle ne peut t'être d'aucun secours; mais quand tu le seras, tu n'auras plus besoin d'aucune règle, parce que ton esprit éveillé trouvera très vite et très facilement ce qui lui est sembable, même sans l'aide d'une règle générale... »





Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle, et je le ressusciterai au dernier jour (Jean, VI, 54)

Le Seigneur explique ici aux disciples ce que signifie manger Sa chair et boire Son sang: ( Grand Évangile de Jean_9 , chap.72, v.14, 15 et chaps.73 et 74)

(Le Seigneur:) «...C'est ainsi que, lorsque J'enseigne aux hommes, Je suis le vrai pain de vie nourricier venu des cieux, et les actes conformes à Ma doctrine sont une vraie boisson de vie, un vin excellent et très fort qui vivifie l'homme tout entier à travers son esprit et l'illumine tout entier par la flamme très clair du feu de son amour. Qui mange de ce pain et boit de ce vin ne verra, ne goûtera ni ne sentira plus jamais la mort.

Si vous avez compris cela, agissez en conséquence, et Mes paroles deviendront en vous une parfaite vérité vivante! »

Les disciples dirent alors: « Seigneur et Maître, nous comprenons bien cette leçon que Tu viens de nous donner - mais un jour, à Capharnaüm, comme beaucoup de gens T'avaient suivi de toutes les contrées autour de Jérusalem, Tu nous as donné un enseignement semblable à propos de Ta chair et de Ton sang qu'il fallait manger et boire, et cela avait paru une dure leçon, surtout à ceux qui n'avaient pas compris le vrai sens de Tes paroles simples et claires. À cause de cela, beaucoup de Tes disciples d'alors T'avaient quitté, et nous-mêmes, nous n'avions pas compris au début, jusqu'à ce que l'aubergiste, qui n'était pas précisément l'un de Tes disciples, nous eût expliqué la chose. Si nous comparons la leçon que Tu viens de nous donner avec celle-là, elle dit la même chose, mais de la façon la plus claire et la plus évidente. N'avons-nous pas raison? »

Je dis : « Parfaitement, car le pain et la chair sont une seule et même chose, et de même le vin et le sang; celui qui, dans Ma parole, mange le pain du ciel, et qui, en agissant selon cette parole, donc en pratiquant le véritable amour tout à fait désintéressé de Dieu et du prochain, boit le vin de vie, celui-là mange de Ma chair et boit de Mon sang. Car, de même que le pain naturel que mange l'homme devient sa chair et que le vin qu'il boit devient son sang, le pain de Ma parole devient chair dans l'âme de l'homme et le vin des actes de charité devient sang.

Et quand Je dis que quelqu'un mange de Ma chair, cela veut dire qu'il reçoit Ma parole non pas seulement dans sa mémoire et dans l'intelligence de son cerveau, mais aussi dans son cœur, qui, comme il a été dit, est l'estomac de l'âme, et de même pour le vin des actes de charité, qui n'est déjà plus vin, mais sang de vie; car la mémoire et la raison de l'homme sont avec son cœur presque dans le même rapport que sa bouche avec son estomac naturel. Tant que le pain naturel est encore dans sa bouche et sous ses dents, il n'est pas encore chair, mais pain; mais lorsque, ayant été mâché, il descend dans son estomac et s'y mêle aux sucs digestifs, il est déjà chair, parce que déjà semblable à la chair, selon ses éléments nutritifs subtils. Et il en va de même du vin, ou aussi bien de l'eau, qui renferme en elle la substance du vin, car la vigne mourrait sans l'eau qui donne vie à la terre qui nourrit toutes les plantes et les bêtes. Tant que le vin est encore dans ta bouche, il ne devient pas sang, mais il le devient bientôt dès qu'il est dans ton estomac.

Ainsi donc, qui entend Ma parole et la garde en mémoire, garde le pain dans la bouche de l'âme. Lorsqu'il se met à y réfléchir sérieusement dans son cerveau, il mâche le pain avec les dents de son âme; car l'intelligence du cerveau est à l'âme ce que sont au corps de l'homme les dents de sa bouche.

Une fois que Mon pain, donc Ma doctrine, a été mâché par l'intelligence du cerveau, donc compris et accepté comme une vérité parfaite, il doit encore être reçu comme vérité par l'amour du cœur, et mis en œuvre avec une volonté ferme.

Lorsque cela arrive, la parole devient chair et, par la ferme volonté agissante, également sang de l'âme, qui, dans l'âme, est Mon esprit, sans lequel elle serait aussi morte qu'un corps privé de sang.
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